Bonjour à tous,
Moi c'est Bloomers, animateur radio à Bruxelles et comme vous un passioné de musique 60-70...
J'aimerai connaitre votre avis sur Mike Bloomfield...
Désolé si vous trouvez que le texte est trop long, le but est de démontrer qu'il à sa place au panthéon des guitar Hero au même titre que Clapton...
Sources :
"Bob Dylan Epitaphe 11" Stéphane Koechlin(Flammarion)
"Erudit Rock" par Phillipe Thieyre (le seul article paru dans Rock & Folk)
"If You Love This Blues" par Jan Mark Wolkin & Bill Kenon
Très méconnu en Europe Mike Bloomfield fait partie des grands guitaristes qui, comme Eric Clapton marquèrent de leur inventivité l’histoire du BLUES et en changèrent définitivement le cours.
Malheureusement pour lui, rongé de l’intérieur par ses démons et la drogue, dévoré par une passion pour le blues authentique, il ne connut pas avec ses propres disques le succès de son homologue anglais.
Michael Bernard Bloomfield était arrivé au monde en 1944, à Chicago comme Roger McGuinn (Byrds), il avait passé presque toute sa vie à l'ombre des vents et du lac. Son père et son oncle Harold concevaient des fournitures pour les hôtels, hôpitaux, restaurants : casseroles, salières...le géniteur disait à son jeune fils :
"Tu prendras ma suite, j'espère. C'est un métier sûr. On aura toujours besoin d'ustensiles de cuisine. A quatorze ans, tu sais ce que je faisait, je travaillais dans une station service. J'espère que tu retiendra la leçon..."Michael partait dans sa chambre et se posait devant le fenêtre pendant des heures. Son père le rejoignait.
Assez ! j'ai à te parler !Et il racontait, avec de grands gestes, l'arrivée, au début du siècle, du grand-père Sam Bloomfield, un Russe qui avait vendu des tartes sur les trottoirs de Chicago. L'immigrant avait enseigné à ses descendants la vertu de l'effort, de la morale. Mike s'étaient ainsi acquitté des cours de religion juive car son père y tenait pour honorer la mémoire de l'ancêtre Sam. Mais le reste ne lui convenait pas. Quel Ennui ! Son regard plongeait sur la route, le jardin de leur maison. Une voiture passait de temps en temps, un chien aboyait...Et puis rien. Encore une voiture...L'hiver, le poids de la glace, du froid et toujours l'ennui.
Pour approcher son désir, il croyait beaucoup à ce bel objet brillant posé près de son bureau : sa guitare. Il se souvenait du jour où son frère Allen et lui avait entendu leur cousin Chuckie jouer. Ce garçon faisait se pâmer les filles de la famille. "S'il en est capable, nous aussi" , se dirent les deux jeunes Bloomfield. Mike avait juste treize ans. Avec son argent de poche, il acheta une guitare et déploya plus d'aptitude qu'Allen, mais le paya cher.
-Pense à tes études, hurlait le père, laisse tomber cette guitare ou je la casse.
Il entrait en furie dans la chambre de son fils et renversait tout.
-Tu es un bon à rien.
Mike Pleurait, criait, mûrissait les vengeances les plus raffinées contre le tyran. Le pauvre homme confisquait la radio qui égrenait le rock d'Elvis Presley et le jeu de son guitariste Scotty Moore. Mike s'accrochait au poste, tempêtait, insultait son vieux et quittait la maison en claquant la porte, avec sa guitare. L'instrument lui permettait de déserter ce petit quartier provincial, de voir du pays comme il en rêvait. Son père aurait beau opposer toutes les objurations du monde, il finirait par s'incliner. C'est donc avec cet espoir là qu'il accepta de participer à la bar-mitsva, sous le regard fier de la famille, Harold, Allen, et au premier rang, le père bien sûr. Nous étions en 1956. Sur les photos, vêtu d'un costume cravate, les cheveux coupés courts, le jeune Bloomfield sourit, le cou ceint d'une écharpe blanche. Il lut un passage en hébreu, récita le haftorah en ajoutant quelques effets de théatre qui l'amusaient. il fut même drôle. Après le cérémonie, le père de Mike lui donna l'accolade.
Tu es un homme maintenant.
Il croyait avoir convaincu son fils d'abandonner sa maudite guitare.
Mais Mike ne voulait rien lâcher. Il rêvait de s'envoler par la fenêtre comme les personnages du roman de Kerouac, Sur la route. Depuis qu'il avait lu ce texte, il refusait de se lever aux aurores et de mener une existence d'esclave.
-Je deviendrai Bluesman ! répétait-il.
Quoi de plus naturel pour un jeune musicien né dans la cité bleue ?
Mais on se moquait de lui comme on s'était gaussé de ses piètres performances athlétiques à l'école.
Un soir, il apprit que le grand Muddy Waters jouait dans un club de la ville. C'était au Pepper's Lounge. Mike savait qu'il ne pouvait rentrer à cause de son âge, mais s'approcha le plus près possible du feu dont il apprécia la tière chaleur. Des gens comme le superbe guitariste Jimmy Reed, le légendaire harmoniciste Little Walter formaient le couronnement d'une soiré habituelle et pourtant, ici à Chicago, jamais comme les autres...
Une ouverture, minuscule, dans le pierre, laissait filtrer des sonorités magiques de guitare hawaienne, des parfums de bois madré, de clairière. Promenant ses grands yeux ouverts, Mike, le jeune garçon juif, s'était senti petit aux portes de ce monde noir, avec ses villes de forêt, ses scieries mythique, ses montagnes immenses et ses champs à perte de vues. Il était alors retourné chez lui et avait travaillé dur sa guitare. Il souhaitait devenir le meilleur.
Pendant les années suivantes, il avait trainé dans les clubs mal famé du Southside de Chicago jusqu'à devenir le gérant du Fickle Pickel (un modeste club de Blues). Il était heureux dans la nuit, à passer sa musique favorite, à rencontrer des gens comme big Joe Williams ou cotoyer Muddy Waters qu'il avait suivi jusqu'à son domicile pour l'interviewer comme un gosse émerveillé. A L'occasion, Mike grattait avec eux. Mais c'était désespérant. Comment un graçon juif pouvait-il ressentir le blues ? Sa musique (du moins il en était persuadé) gardait quelque chose de raide, de dûre là où ses modèles atteignait le plus parfaite souplesse. Alors, il avait cherché et puis avait découvert par hasard, sur un étalage, le disque de Dylan. Il adorait. Peut être était-ce ce folk-là qui lui convenait ? Quelle merveille ! sa vie s'en trouva changée. Mike avait tenu à rencontrer le créateur de ces chansons pures à la sonorité tranchante qui samblaient se suffire à elle même.
Mais demain ? Peut-être évoluerait-il dans sa propre musique ? Mike sentait Bob Dylan proche du Blues évidemment, seulement proche car ce jeune maitre n'avait pas grandi dans le Mississippi, mais ils trouvait sa propre identité, entre la poésie, le folk parlé et une certaine noirceur. Un bel exemple pour le jeune Bloomfield. C'était donc possible. Q'un juif Blanc jouât une musique roots, noire, agressive ! Et pourtant, le secret demeurait encore bien gardé. Des clefs lui manquait. Mike devait approcher Dylan le plus rapidement possible, lui parler afin d'obtenir toutes les réponses à ses angoisses.
En attendant, il savourait son bonheur.
Pour ce qui est de l'histoire, Mike avait réalisé le rève de Bob Dylan. Cheminer aux côtés du légendaire bluesman Big Joe Williams. Et il ne mentait pas car il sortait des photos comme preuves.
-Nous sommes remontés jusqu'à St Louis. Une bonne école...Mais ce que Mike omettait d'ajouter, c'est que Big Joe, un jour, ivre, l'avait égratigné d'un coup de couteau. Les deux homme n'avaient pas mené une route des plus sereine, se produisant au festivel folk de chicago le 31 janvier 1964.
-Il ne savait pas lire ni écrire, racontait Mike. Mais c'était un type génial
Au début des années 60, il avait fondé son premier groupe avec l’harmoniciste Jim Schwall, futur co-fondateur du Siegel & Schwall Band. C’est à ce moment qu’il rencontrera ses futurs fidèles compagnons : le chanteur Nick Gravenites, le pianiste/organiste Barry Goldberg, le bassiste Harvey Brooks et les harmonicistes Charly Musselwhite & Paul Butterfield.
Mike Bloomfield bientôt n’hésite plus à monter sur scène avec ses amis et devient vite une célébrité locale. En effet, tout le monde veut voir ce guitariste blanc que Muddy Waters en personne adore écouter et considère comme son fils spirituel...
Sa première apparition discographique date de mars 63. Il se contente d’accompagner à la guitare sèche les Tennesse Jug Busters de Yank Ratchell.
Au début de l’année 64, il apparaît également sur le 33 tours « Broke & Hungry » avec la même formation mais cette fois ci, sous le nom de Sleepy John Estes…
Vers la fin de 1964, il enregistre ses première démos pour John Hammond Sr. (le légendaire producteur de Columbia qui découvrit entre autre Bob Dylan & Aretha Franklin)…
Malheureusement à cette époque, le label Columbia se révèle vite incapable de promouvoir un guitariste de blues électrique et abandonne le projet après seulement quelques titres que l’on retrouvera 30 ans plus tard sur « Essential Blues » et "I'm Cutting Out" deux compilations indispensables…
En Décembre 64 le producteur Paul Rotchild engage Mike Bloomfield pour étoffer le son des premiers enregistrements du Paul’s Butterfield Blues Band
Jerome Arnold (Bass),Paul Butterfield (Vocals & Harmonica),Mike Bloomfield (lead guitar)
Le Paul Butterfield Blues Band était emmené par un dingue d'harmoniciste, Paul Butterfield, un violent. Les nuits du grand lac étaient dangereuses, et comme Paul le chanterait : 'Je suis né à Chicago, mon père m'a dit : alors achète toi un flingue". Ce "flingue" bosselait sa veste, il le planquait sous l'oreiller, comme pour se défendre des démons ténébreux. Mais le revolver ne lui servait pas. Doté d'une force incroyable, Butterfield préférait utiliser ses poings, et n'importe quel prétexte suffisait à expurger sa brutalité. Il éructait, passait ses nerfs sur les chaises, les verres...Ils ne cessait de houspiller l'autre guitariste, Elvin Bishop, son ami pourtant. Ensemble ils avaient écumé les clubs de blues, s'étaient battu à coup de tables, de bouteilles.
Bloomfield avait simplement répondu à une invitation du patron d'Elektra, Paul Rothchild.
-J'ai quelque chose pour toi...Un vrai groupe de blues qui s'apprête à enregistrer son premier album. Vous allez faire des étincelles...ça te dit ?
Bien sûr que ça lui disait ! Il allait rejoindre son ami Nick "The Greek" Gravenites qui n'appartenait pas au groupe, mais leur avait composé le merveilleux "Born In Chicago". Le Paul Butterfield Blues Band existait depuis plusieurs mois, et Mike se glissa parfaitement entre ses musiciens forts en gueule qui occupaient leur nuits en beuveries.
-Tu te souviens quand on a joué avec Muddy Waters. Et le grand Harmoniciste Little Walter ?
Paul et Elvin avaient accompagné tous les grands maitres noirs de la région. Mike attendait beaucoup de ce projet, sans doute aussi parce qu'il n'en avait pas d'autre sous le main.
-Je ne sais pas où nous allons, disait-il. Nous allons enregistrer notre premier album avec Elektra, sans doute un disque de Blues classique alors que nous sommes blancs. A quoi cela nous mènera d'imiter les noirs ?
Il comptait beaucoup sur la rythmique noire que Paul avait réunie : le bassiste Jerome Arnold et Sam Lay, le batteur, jouaient avec le grand bluesman Howlin' Wolf. Butterfield, lui, envoyait à toute volée son chant et ses notes d'Harmonica. Sa violence, pour une fois, éclaboussait leur blues qui avait la dureté de la pierre et des champs calcinés. Ils reprenaient les classiques, "I Got My Mojo Workin'" de Muddy Waters, "Last Night" de Walter Jacob qu'ils jouaient de manière plus rapide, sèche. Paul et Mike avaient même composé un morceau, "Thank You Mr Poobah"*(Curieusement, les premiers enregistrement du Paul’s Butterfield Blues Band restèrent inédit jusqu’à la parution du CD « The Lost Elektra Sessions » en 94, à nouveau 30 ans après)
Bloomfield tentait d'atteindre, avec sa guitare, la note juste, la note sensuelle, et se désespérait de ne pas toujours y parvenir. Il ne changeait pas , et cette quête inlassable plaisait à Dylan qui avait déniché là, son homme de confiance.
Quand Dylan l'appela pour l'inviter aux sessions de son nouvel album studio, Bloomfield crut d'abord à une plaisanterie. Il n'en revenait pas. Quel honneur ! Quelle fierté ! il n'hésita pas et prévint ses nouveaux partenaires de sa petite infidélité. Il crut déceler en Butterfield une certaine ironie, mais le "fou" se garda bien de dire quoi que ce soit. Il avait été assez malin pour apprécier le talent du guitariste juif et que le mandat de Dylan rejaillirait sur le groupe.
-Tu ne nous lâche pas, hein ? Lança simplement Paul, accompagnant sa vague mise en garde d'un regard où se mélait à la fois supplication et de la dureté.
Mike s'était retourné et avait souris.
-Ne t'inquiète pas
Juillet 65 Le Butterfield Blues Band participe au Festival folk de Newport et à cette occasion, accompagne Bob Dylan avec Al Kooper pour son tout premier et mémorable concert électrique.
Dans la foulée, Mike Bloomfield est embauché pour les séances d’un album qui bouleversera la vision musicale de plusieurs générations : « Highway 61 Revisited »
Bob Dylan considère encore aujourd’hui Mike Bloomfield comme le meilleur guitariste qu’il ait jamais côtoyé... il lui proposera même de faire partie de son groupe à part entière pour sa future tournée européenne... en vain.
En Octobre 65, on le retrouve avec le Paul’s Butterfield Blues Band , les studios Elektra capturent enfin avec succès le premier album du groupe, le son est capté live en studio avec sur certains morceaux, la présence du pianiste Mark Naftalin.
Cependant l’harmonica de Paul Butterfield est encore trop omniprésent, ce qui laisse à Mike Bloomfield que de bien maigres solos…
Après d’innombrables concerts donné à Chicago, New York et San Francisco…le groupe atteint son apogée.
Le second album, « East-West » témoigne de cette époque bénie. Il est évident que quiconque appréciant le blues devrait posséder dans sa discothèque un exemplaire de ce « East-West »…
Outre d’excellentes reprises de blues tels que « Walking Blues » ou « Two Trains Running », le Butterfield Blues Band grave deux instrumentaux légendaires…
Le premier « Work Song », est un célèbre thème de Jazz remanié en un duel harmonica-guitare explosif…
Le second « East West » est une longue improvisation inspirée par la musique indienne et le LSD qu’il commence à ingérer quotidiennement.
Etiré parfois jusqu’à 40 minutes en concert, « East West » fera de Mike Bloomfield le premier guitar-hero américain et ouvrira la voie du psychédélisme à tous les apprentis guitariste.
En 1967, Mike Bloomfield quitte Chicago et le Butterfield Blues Band et part s’installer à San Francisco en Californie.
Sur place, il met sur pied le groupe de ses rêves : l’Electric Flag.
Pour la première fois dans l’histoire du rock, nous avons à faire à un big band moderne composé de dix musiciens, tous triés sur le volet. Le noyau dur est composé du chanteur Nick Gravenites, du bassiste Harvey Brooks, de l’organiste Barry Goldberg et de Buddy Miles, futur batteur de Jimi Hendrix. S’ajoute aussi une section de cuivres complète, inédite pour l’époque.
En juin 67, l’Electric Flag débute fort au célèbre Festival de Monterey et enregistre dans la foulée la Bande Original du film « The Trip » pour le réalisateur Jack Nicholson.
Psychédélique et complètement délirante, cette B.O. est entièrement composée par un Mike Bloomfield sous acide.
Le second album du groupe « A Long Time Comin’ » paraît début 68 chez Columbia, un choix qui ne fait pas l'unanimité dans le groupe. en effet le label n'avait pas de producteur et ingénieur capable de retranscrire la puissance de ce groupe hors du commun (tout les musiciens présents ont été rassemblés avec le plus grand soin) qui allait entrainé la formation de groupe comme Blood Sweat & Tears & Chicago .
Cette oeuvre surproduite mélangeant blues, jazz, soul, & bruitages sonores divers est bien trop en avance pour son temps. Le disque est descendu en flamme par la critique et fait un flop monumental.
la même année quand l’Electric Flag sort son second album, l’indiscutablement mauvais « The Electric Flag : An American Music Band », Mike Bloomfield ne fait déjà plus parti du groupe… Déprimé par les tournées incessantes, la drogue et les problèmes d’ego avec Buddy Miles …
En Mai 1968 Al Kooper, aidé de vielles connaissances, propose à Mike Bloomfield un concept album baptisé « Super Sessions » une sorte de rencontre improvisée entre musiciens reprenant de grands classique blues & pop
L’idée séduit Mike Bloomfield. Pourtant, on ne le retrouve que sur la première face.
Steve Stills, ex-guitariste des Buffalo Springfield, s’occupe de la deuxième. Atteint de dépression maladive liée à son mode de vie insomniaque (il pouvait rester 3 jours sans dormir) Mike Bloomfield souffre également de dépendance envers les drogues dures contractée un an plutôt avec l’Electric Flag.
Malgré le succès immédiat de
Super Session, Mike Bloomfield reniera plus tard le caractère trop commercial du projet, qui reste malgré tout, sa plus grande réussite à ce jour.
Fin 68 fort du succès de « Super Session » Al Kooper & Mike Bloomfield décident de s’enregistrer en public au légendaire Fillmore de San Francisco : « The Live Adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper », double album avec le même concept de jams & reprises de grands classiques blues & pop.
A la moitié du set Mike Bloomfield à nouveau exténué par une série de 5 nuits blanches est emmené d’urgence à l’hôpital pour une cure de sommeil, il sera remplacé à la fin du show par son ancien collègue Elvin Bishop et par un tout jeune guitariste latinos du nom de Carlos Santana.
Il existe également deux concerts inédits enregistré à New York au Fillmore East en décembre 68 (CD Columbia Legacy « The Lost Concert Tape »). Mike Bloomfield profite ici de l’occasion pour présenter le guitariste Texan Johnny Winter pour la première fois au public du Fillmore.
En Janvier 1969, Mike Bloomfield est au sommet de sa carrière, il se produit encore régulièrement au Fillmore de San Francisco où il est déjà considéré comme une légende.
Mention spéciale pour les 2 albums Live aux Fillmore West paru cette année là, toujours sur Columbia.
Le premier, très rare (disponible uniquement en 33 tours), « Mike Bloomfield Live At Bill Graham’s Fillmore West » et le second « My Labors » (disponible en cd chez Acadia Rec.), paru sous le nom de Nick Gravenites ; les deux sont exceptionnels.
Avril 69 : Il collabore avec Paul Butterfield aux disques de Muddy Waters « Father & Son » et en mai grave son second disque solo « It’s Not Killing Me » sur lequel il compose & chante pour la première fois la plupart de ses propres compositions.
Malgré la présence de tout ses amis (+ de 10 musiciens), ce 33 tours souffre de ses capacités vocales limitées et de son penchant immodéré pour les cuivres…
Après cet echec retentissant, Columbia sera très rétissant à l'idée de publier un second album..."Try It Before You Buy It" gravé en 71 ne sera disponible qu'a partir de 1973 et encore la distribution et la promotion sont tellement négligé que c'est devenu le LP solo le plus rare de sa discographie...
Entretemps Mike Bloomfield se retrouve très sollicité comme accompagnateur ou même comme producteur.
En 1969 Il produit le disque « Mourning In The Morning » du Bluesman Otis Rush dans les célèbres Studio Muscle Shoals en Alabama et participe successivement aux disques de Janis Joplin ( CD-LP : « Kozmic Blues »), Mother Earth (LP : « Living With The Animals »), Brewer & Shipley (LP « Weeds »).
Retenons surtout sa collaboration sous le pseudonyme de Makal Blumfeld sur le terrible disque « Two Jews Blews » de Barry Goldberg où se trouve également 2 autres grands guitaristes de l’époque Duane Allman et Harvey Mandel.
Début 70 toujours très actif, Mike Bloomfield loue ses services à Sam Lay, James Cotton, Beaver & Krause, Barry Goldberg, Merl Saunders… et ainsi que d’autres noms encore plus obscurs comme Teda Bracci, Tim Davis…
Sa participation au 33 tours de Woody Herman « Brand New » en 71, sort du lot, Mike Bloomfield se retrouve ici confronté à un vrai Big-Band de Jazz…
En 73 Columbia Records tente de relancer la carrière de Mike Bloomfield en l’associant avec John Hammond Jr. et Dr. John pour l’album « Triumvirate » - sans succès.
L’année suivante la reformations de l’Electric Flag sur Atlantic est aussi un échec et son second album solo « Try it Before You Buy It » ne fait guère mieux, se retrouvant très vite dans les bacs à soldes.
Abandonné par sa maison de disque et miné par la drogue, Mike Bloomfield commence sa longue descente au enfers.
Il continu toutefois à se produire dans la baie de San Francisco pour soutenir dans l’ombre les nombreux concerts et disques de ses amis…
En 1975 Bob Dylan lui propose à nouveau de travailler pour lui, sans succès, il préfère rester loin des projecteurs et orienter sa musique encore plus vers le blues traditionnel.
Ecœuré par les grosses maisons de disques, il enregistre uniquement pour des petits labels indépendants comme Takoma ou Sonnet Records.
Son travail à cette époque alterne le bon et le médiocre… je retiens pour ma part son disque éducatif pour Guitar Player Magazine en 76 « If You Love This Blues, Play Em As You Please ») … En effet Mike Bloomfield prouve sur cet album hommage qu’il peut imiter tous les guitaristes de Blues…
Fin 70, Mike Bloomfield souffre toujours plus de ses problèmes de santé liés à son mode de vie. Il commence à manquer les concerts, se fâche avec certains de ses amis. Il tourne encore en Italie début 80 avec des musiciens traditionnels avant d’être retrouver mort à San Francisco dans sa voiture (par overdose d’héroïne) le 15 février 1981 .
Il avait 37 ans.
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