DISCORAMA #5 - Bringing It All Back Home (1965)

De l'électricité dans l'air... Normal, Dylan branche sa guitare pour la première fois sur la première face de cette album légendaire. Premier de la trilogie électrique.

"Subterranean Homesick Blues" annonce la couleur. À coups de slogans : 'Don't follow leaders ; Watch the parkin' meters'. Vient ensuite "She Belongs To Me". Un petit bijou. Un de mes Dylan favoris. Une chanson d'amour douce et tendre. Un amour de chanson. 'She's got everything she needs, She's an artist, she don't look back. She can take the dark out of the nighttime And paint the daytime black.'
Et puis tout s'enchaîne, le génie est en marche, ça s'accélère... "Maggie's Farm" remet les idées en place, l'air de rien. "Bob Dylan's 115th Dream" démarre comme une farce pour mieux brasser une multitude de références, de Christophe Colomb à Jésus. "Love Minus/Zero Limit", c'est un titre original et c'est une chanson d'amour d'une tendresse innatendue.
"My Love She Speaks Like Silence" : Dylan s'attaque à la poésie et il a les armes pour. Il déchaîne les images, enchaîne les vers, et chamboule notre esprit. Avec "Mr Tambourine Man" par exemple, un classique, qui derrière ses airs un peu naifs, renferme une profonde mélancolie et une mélodie simple qui me rassure. Une petite lumière dans la nuit.

La nuit semble donc bien tombée et on s'accroche à la voix de Dylan comme à un phare dans l'obscurité. Une voix qui inquiète lorsqu'elle chante "Gates of Eden", une chanson de fin du monde, un poème crépusculaire, qui donne des frissons. "Tout, absolument tout peut s'écrouler / Dans un souffle assourdissant mais insignifiant / Aucun son ne vient jamais des portes d'Eden". Même chose pour "It's Alright Mama (I'm Only Bleeding)" qui annonce des temps plus sombres que jamais. La guitare sèche est de retour, elle assène des coups, elle est tranchante comme une lame de couteau. Elle fera tomber des têtes, elle fera chavirer des esprits. Et le mien au passage... 'Pas besoin de regarder bien loin pour voir que peu de choses sont vraiment sacrées'
Pour retrouver un peu de chaleur, "It's All Over Now, Baby Blue". La voix de Dylan se fait plus chaleureuse, moins tranchante. Et bien que la chanson soit emplie de mélancolie, on croit voir de la lumière... 'And it's all over now Baby Blue'...

A bien y réfléchir, cet album est mon préféré du bob.

+1

l'album parfait, l'équilibre entre le bob acoustique et le Dylan électrique ...

La première strophe de It's Alright Ma me doute invariablement envie de lire Crépuscule d'Apollinaire.

(Oui, c'est album est parfait. Je ne vois pas quoi ajouter - there's no words that need to be said, comme il dirait.)

Avec "Bringing It All Back Home" Dylan nous offre un album où se côtoie le pire et le meilleur :

le pire avec :

Maggie's Farm
Outlaw Blues
On The Road Again
Gates Of Eden
It's Alright Ma ( Je sais pourtant que c'est une chanson très apprécié par les fans, mais elle ne ma jamais rien fait je trouve limite qu'elle est désagréable à écouter )

le meilleur avec :

Subterranean Homesick Blues
She Belongs To Me
Mr.Tambourine Man
Love Minus Zero/ No Limit
It's All Over Now Baby Blue
Bob Dylan's 115th Dream ( J'adore le rire de Dylan au début de la chanson )

Gates of Eden ? It's Alright Ma ? Maggie's Farm ?

Non, tu es sérieux ?

Dommage, vraiment...

Le pire ????

Enfer et damnation !

Comme le dit le titre de l'album, c'est un peu un "retour" à lui même (si on considère que le premier album était centré sur lui même, ce qui est pas vraiment vrai...)
Parce que bon les protest songs, c'est bien beau mais c'était pas sérieux au sens où à mon goût, il écrivait ça (très bien certes !) surtout parce que c'était ce qui se faisait à ce moment et à cause de l'héritage de Greenwich village et Woodie et tout ... alors qu'à l'époque son œuvre était pourtant déjà tout à fait prédestinée à être centrée sur lui-même...

Bref les gens ont pas l'air d'avoir compris ça à l'époque . Lui non plus d'ailleurs, et c'est ça qui est bon. (Bon je dis ça en une ligne, mais c'est vrai que c'est plus compliqué que ça).

En gros c'est pour ça que j'aime beaucoup l'album. Il ouvre la voie avec les premiers textes "intimistes" et montre un Dylan honnête. (Même si bizarrement, je trouve Freewhelin' et The times tout à fait honnêtes aussi, mais c'est juste qu'a posteriori, on sait que c'est pas réellement Dylan, du moins pas tout à fait lui... C'est comme s'il avait une conscience politique et sociale inconsciente ; parce que bon ces textes sont pas anodins, ils sont beaux, vrais, influents et tout, mais on va pas me faire croire que Dylan en a vraiment quelque chose à carrer de la politique, et même à l'époque, je pense que c'était plus purement artistique qu'autre chose... Au final, le Dylan protest-singer, c'est surtout les gens autour qui l'ont construit, par leur écoute et leur investissement quoi.)

Wednesday a écrit:

Il ouvre la voie avec les premiers textes "intimistes" et montre un Dylan honnête. (Même si bizarrement, je trouve Freewhelin' et The times tout à fait honnêtes aussi, mais c'est juste qu'a posteriori, on sait que c'est pas réellement Dylan, du moins pas tout à fait lui... C'est comme s'il avait une conscience politique et sociale inconsciente ; parce que bon ces textes sont pas anodins, ils sont beaux, vrais, influents et tout, mais on va pas me faire croire que Dylan en a vraiment quelque chose à carrer de la politique, et même à l'époque, je pense que c'était plus purement artistique qu'autre chose... Au final, le Dylan protest-singer, c'est surtout les gens autour qui l'ont construit, par leur écoute et leur investissement quoi.)

A ceci près qu'Another side était déjà très intime dans ses thèmes et peu engagé.

Toutafé ! Mais au niveau de la forme ça reste proche des précédents, y'a pas le côté "hallucinatoire" qui se dévoile avec Mr. Tambourine Man ou Gates of Eden, qui rend le truc encore plus perso j'trouve.

Un joyeux anniversaire à cet album qui fête aujourd'hui ses 50 ans !

Bob Dylan - Subterranean Homesick Blues - HQ from Noisefield on Vimeo.

L'histoire de la pochette de l'album avec, en prime, un extrait d'une jolie version alternative de "She Belongs To Me" :

Pour en savoir encore plus et dans tous les détails sur la pochette : http://www.popspotsnyc.com/bringing_it_all_back_home/

Merci pour le lien, intéressant. Je n'avais jamais fait de recherches sur cette pochette, pourtant très réussie. Jamais fait gaffe que francoise hardy apparaissait dessus !

Sympa la maison. Je crois que l'épouse de Grossman est toujours vivante, du moins elle l'était il y a 2 ans car des gens à Woodstock m'ont dit qu'elle vivait encore quelque part dans les environs...