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Sujet: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Ven 2 Mai - 19:43
Vous n'avez pas fait de topic par album?
Je vous avoue que je m'intéresse bcp aux conditions d'enregistrement des disques que j'aime...
En écoutant les outtakes de ce disque,je me demande déjà une chose...
C'était enregistré Live?
Oyster This Land Is Your Land
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Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Ven 2 Mai - 20:13
Loner a écrit:
Vous n'avez pas fait de topic par album?
Je vous avoue que je m'intéresse bcp aux conditions d'enregistrement des disques que j'aime...
En écoutant les outtakes de ce disque,je me demande déjà une chose...
C'était enregistré Live?
Qu'entends-tu par live ? Dylan a souvent enregistré dans des conditions proches du live, mais ce n'était pas les journées portes ouvertes, non plus.
dr.out This Land Is Your Land
Nombre de messages : 4017 Age : 49 Localisation : 100 mètres au dessous du niveau de l'eau Date d'inscription : 24/02/2006
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Ven 2 Mai - 20:14
Loner a écrit:
Vous n'avez pas fait de topic par album?
Je vous avoue que je m'intéresse bcp aux conditions d'enregistrement des disques que j'aime...
En écoutant les outtakes de ce disque,je me demande déjà une chose...
C'était enregistré Live?
Oui, en effet condition d'enregistrement live. Pas d'overdub. S'il y en a un qui se plante, on efface tout et on recommence Je suppose que c'est pour ça aussi qu'il y a la guitare rythmique qui est pas toujours dans les temps sur Like a Rolling Stones.
_________________
Loner This Land Is Your Land
Nombre de messages : 3276 Date d'inscription : 05/11/2007
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Ven 2 Mai - 20:41
dr.out a écrit:
Loner a écrit:
Vous n'avez pas fait de topic par album?
Je vous avoue que je m'intéresse bcp aux conditions d'enregistrement des disques que j'aime...
En écoutant les outtakes de ce disque,je me demande déjà une chose...
C'était enregistré Live?
Oui, en effet condition d'enregistrement live. Pas d'overdub. S'il y en a un qui se plante, on efface tout et on recommence Je suppose que c'est pour ça aussi qu'il y a la guitare rythmique qui est pas toujours dans les temps sur Like a Rolling Stones.
C'est ce que laissent comprendre les sessions. Merci.
hazel This Land Is Your Land
Nombre de messages : 4752 Age : 34 Localisation : Rennes Date d'inscription : 16/01/2010
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Dim 24 Jan - 1:23
C’est peut-être une mauvaise habitude, mais je ne vois pas comment vous parler de cet album sans vous parler de moi. C’est impossible pour moi d’être objectif et de faire abstraction de mes souvenirs pour évoquer Dylan en général. Mais là, je crois bien que c’est pire. Puisque c’est le premier, le disque fondateur, celui qui a non seulement changé mon horizon musical, mais aussi personnel.
Pas la peine de faire de grands discours, de disséquer les textes, d’analyser l’histoire et le son du disque, non, c’est déjà fait, ça sert à rien. Je pourrais me lancer dans une longue chronique, ne rien oublier. Mais je manque de mots, je manque de recul aussi. Alors je vais me contenter en quelques lignes, si vous le voulez bien, d’effleurer la solide relation qui me lie à ce monument, je vais vous expliquer sans détachement pourquoi « Highway 61 Revisited » est mon album favori. Pas mon album favori de Dylan. Mon album favori, point.
C’est une histoire de hasard. Une rencontre. Comme il y en a eu beaucoup cet été là. En 2006, à l’aube de mes seize piges. Kerouac d’abord. Rimbaud ensuite. Et puis ce soir là, Dylan. La suite logique. Pas cliché, mais presque. C’est donc par hasard que ce soir là, enfin cette nuit-là, je suis déjà bien fatigué, je pose mon cul devant la télé, et qu’un gringalet chevelu vient me foutre une claque à la gueule alors que je commençais à roupiller. « How does it feeeeel ? » Et Dylan fait irruption dans ma vie. Il crève l’écran et me fait signe. Je prends pas la peine de plonger le nez dans mon programme télé, je suis hypnotisé. Les images défilent à toutes allures, des noms et de vieilles chansons dans tous les sens, l’histoire d’un pays et de son folkore est revisité et j’enregistre tout ça en me disant, ouais, voilà, c’est ce qu’il me manquait, c’est ce que je veux écouter, c’est de là que ça vient, ouais, c’est parfait, je peux pas passer à côté, c’est beau. Et surtout, il y a ce type, Bob Dylan, dont j’avais déjà croisé le nom, mais pas les chansons. Alors il chante, enfin il marmonne, il beugle, il tire la gueule, il est plein de malice et d’esprit, il sait viser juste, taper là où ça fait mal, le sens de la formule, c’est un poète, un gars qui a du style, un putain de charisme, je veux être lui. Tout ça s’entrechoque dans mon esprit d’adolescent en quête de modèles, d’influences. C’est magique. Je suis sous le charme. Je ne comprends pas tout, mais je ne perds pas une miette de « No Direction Home », sans savoir de quoi il s’agit. Je me persuade que ce Dylan est mort, que ce documentaire raconte ses dernières heures, sa dernière tournée. Mais alors c’est qui celui-là, le vieux, qui lui ressemble drôlement ? C’est étrange mais fascinant. C’est Dylan. Il n’est pas mort et je ne vais pas tarder à m’en rendre compte. Je ne vais pas tarder à en savoir plus. Mais pour l’instant, je m’enfile les trois heures du film, je lutte pour suivre les aventures de Dylan, de la jeunesse à Duluth jusqu’à la tournée infernale de 1966. Et ça me parle, ça me bouleverse de le voir tout seul, dans un rayon de lumière, appeler l’homme au tambourin et souffler dans son harmonica. De le voir combattre des moulins avec sa guitare et des torrents de mots qu’il vomit sur son public. « How does it feeel ? ». Bouleversant ouais…
Mais pas autant que la semaine suivante, quand lorsqu’un séjour en Bretagne (oui, celui qui a été le tournant de ma jeune vie, vous vous souvenez ?), je cours à la Fnac de Lorient pour m’acheter le premier album de Dylan qui me tombe sous la main. Parce que les images du documentaire m’obsède, me hantent la nuit et que j’ai gardé ces drôles de chansons en tête. Et celui qui me tombe sous la main, dans un bac à soldes, c’est « Highway 61 Revisited ». Ca aurait pu être un autre, ça aurait pareil (m’enfin avec « Down in the Groove », pas certain). Je le retrouve Dylan, avec son air arrogant sur la pochette, l’air de dire « tiens te revoilà toi, et bah écoute ça mon petit… ».
Alors j’écoute. J’enfile la galette dans mon baladeur et j’écoute. Mais une fois passé la folie qui m’empare avec « Like a Rolling Stone », je suis un peu déçu. Le reste est encore trop dense, trop bavard pour mes jeunes oreilles, je n’accroche pas, ce n’est pas immédiat. Je m’ennuie un peu et je me dis que je ne mérite pas cette musique, que je ne suis pas capable d’apprécier. Le disque se repose quelques jours dans le lecteur, et Dylan continue de me défier, de loin.
Faudra attendre le 10 août, jour de mon anniversaire. Je vous avait raconté comment ce jour là, j’avais décidé sur un coup de tête de passer ma journée sur la route, pour la première fois, pour voir comment c’est d’être comme une pierre qui roule. Une journée, c’est peu, mais à l’époque, c’était déjà beaucoup et ça m’a fait un bien fou de me retrouver seul, sans direction, à jouer le vagabond du bac à sable. Je vous ai raconté comment Phoenix a accompagné mon périple. Et bien « Highway 61 » aussi. « Highway 61 » surtout. C’est d’une ampleur bien plus énorme que cette découverte. Plus énorme que les Strokes ou que les Beatles pour un gamin comme moi. C’est décisif et ça se passe ce jour-là entre Plouharnel et Carnac.
L’album, je l’avais surtout embarqué pour pouvoir écouter « Like a Rolling Stone » jusqu’à plus soif, jusqu’à le connaitre par cœur et sentir me pousser des ailes en gambadant au son du titre qui allait devenir et est toujours, la chanson la plus puissante, la plus évocatrice que je connaisse, celle que j’ai le plus écouté. Partout, n’importe comment, n’importe quand, il suffit que j’entende la détonation du début pour que mon cœur se serre et que je me retrouve propulsé dans ce torrent infatigable qui m’est si cher, si familier. Je marche ce jour-là et je l’écoute, je l’écoute, jusqu’à plus soif, jusqu’à oublier de la remettre au début et de donner, malgré moi, une deuxième chance au reste de l’album, jusque là obscur et inaccessible.
Et par miracle, voilà que ces chansons se battent pour me convaincre, me rentrer dans la peau, m’appartenir. Voilà qu’au bout de plusieurs écoutes, je marmonne le blues grande vitesse de Tombstone, j’interpelle Mister Jones en remuant les doigts sur un orgue invisible, je fais à la cour à Jane et je me promène sur l’Allée de la Désolation. J’apprends à apprivoiser « From a Buick 6 » et son son strident, ses guitares qui ne caressent pas dans le sens du poil, mais qui dérangent, avec cette voix qui ne chante pas mais vous gueule dessus, vous appelle, comme sur le documentaire de Scorcese. Je déambule dans les patelins les plus paumés en essayant de déchiffrer ces textes, en m’imprégnant de tout ça, du blues de Tom Thumb. Le disque passe en boucle et je suis déstabilisé à chaque écoute, tout en me sentant de plus en plus attaché à Dylan et sa galerie de personnages, d’Ophélia et son corset de fer à la douce Melinda. Ce phrasé, cette manière de balancer les mots avec un mélange d’intensité et de nonchalance me donne des frissons, « she speaks good english and she invites you up into her room », « he looked so immaculately frightful as he bummed out a cigarette », et j’en passe. J’apprends des mots, je deviens grand.
Finalement, parler de ce disque m’a fallu plus de temps que je ne l’aurais imaginé. Mais si je vous parle de ma vie, de mon insignifiant voyage de gosse, de ma sensibilité à fleur de peau, si je vous rabâche toujours la même chose, c’est qu’encore aujourd’hui, la magie n’a pas disparu. C’est que toutes ces émotions ressentis à l’écoute d’ « Highway 61 Revisited », sur les routes bretonnes, sont restés intactes. Et que ce disque est mon album d’île déserte, mon album phare, le seul et unique album. Alors après bien sûr, il y en aura d’autres. Il y aura « Desire », « Blood on the Tracks », « Blonde On Blonde » et tout le reste, et pas que du Dylan bien entendu. Des disques inoubliables, inclassables, gravés en moi, des disques Madeleine de Proust, j’en ai un bon paquet. Mais j’ai surtout celui-ci. La plus belle et la plus intense aventure musical qui me soient tombé dessus. Plus une journée ne se passe depuis sans que Dylan soit dans mes parages.
vox populi This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2444 Date d'inscription : 09/05/2009
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Dim 24 Jan - 3:51
Loner a écrit:
Vous n'avez pas fait de topic par album?
Je vous avoue que je m'intéresse bcp aux conditions d'enregistrement des disques que j'aime...
En écoutant les outtakes de ce disque,je me demande déjà une chose...
C'était enregistré Live?
oui enregistré live sauf le dernier Morceau qui est un mix entre deux prises. Sinon belle chronique de Hazel comme d'hab
odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Dim 24 Jan - 16:17
Hazel, écris ton livre. Tu es prêt, c'est superbe. Nous t'aiderons à trouver un éditeur.
En ce qui me concerne, la première fois que j'ai entendu LARS, j'avais quoi, 11 ans à tout casser - le titre revenait de temps en temps à la radio (le hit-parade de RTL), et chaque fois, le même chamboulement. Etait-ce de la musique ? Ou quelque chose de plus essentiel ? Qui pouvait bien oser chanter avec cette voix très étrange, comme sortie d'un corps qui se consume en direct. A l'époque, si mes souvenirs sont bons, c'était pratiquement considéré comme de l'underground - un souffle noir venu corrompre nos certitudes, l'introduction du loup dans la bergerie.
Le renversement des valeurs était en marche.
_________________ Seul mon squelette reste optimiste.
Soledad This Land Is Your Land
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Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Dim 18 Mar - 15:26
Ta chronique est très belle Hazel. Même si je ne suis pas complètement d'accord pour From a Buick 6, dès la première écoute, ce titre m'a embobiné, je n'ai eu aucun mal à accrocher et encore aujourd'hui c'est un des titres que j'écoute le plus de l'album. J'adore l'arrangement, la sonorité des mots qui tombe toujours au bon moment.. Difficile d'expliquer, mais je suis complètement dedans. (comme par hasard c'est d'ailleurs la seule qui bug sur mon vinyle )
Bref, un excellent album tout simplement, *** de disque de blues.
hazel This Land Is Your Land
Nombre de messages : 4752 Age : 34 Localisation : Rennes Date d'inscription : 16/01/2010
Sujet: Re: DISCORAMA #6 - Highway 61 Revisited (1965) Ven 16 Oct - 17:21
À l'occasion du Bootleg Series Vol.12, la chaîne officielle de Dylan propose ce mini-documentaire sur les traces de la pochette d'Highway 61 Revisited. C'est très bien fait et on y entend des extraits du bootleg, avec notamment une jolie version au piano de "Desolation Row".
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dan65 This Land Is Your Land
Nombre de messages : 215 Localisation : lyon Date d'inscription : 22/05/2016
C'est fou comme je me retrouve dans ton témoignage hazel. Pas totalement, mais de peu.
2009, j'ai 16 ans, culture niveau zéro, aucun véritable intérêt musical pour ce qu'on trouve ailleurs qu'à la radio, je chope en mp3 les quelques chansons qui me plaisent sur les ondes en faisant à peine gaffe au nom de l'artiste et c'est marre, je me fous pas mal des paroles, je n'ai aucune notion d'histoire dans le domaine et je me contente de penser que les choses peuvent être rangées dans trois tiroirs rock / rap / vieux trucs chiants, bref : je suis un imbécile heureux. Bon, j'ai le LOVE des Beatles qui traîne sur une étagère et que je mets sur la platine familiale de temps en temps, l'exception qui confirme la règle quoi. Et puis un beau jour je décide innocemment d'aller au cinéma voir l'adaptation de Watchmen par Zack Snyder. Je m'installe confortablement dans mon siège, les bande-annonces défilent et moi je ne sais pas que je m'apprête à vivre un moment important de ma vie. Première scène, un mec qui a rien demandé se fait défoncer chez lui par un intrus avant d'être balancé par la fenêtre du vingt-cinquième étage. Pas sympa. Sur le trottoir le sang coule sur le badge-smiley du type, la caméra plonge, plonge, plonge, et là : "Come gather 'round, people..." Je reste scotché pendant les cinq minutes que dure le générique d'intro. Par les images, oui, mais surtout par la musique, cette guitare et cette voix, cette putain de voix qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu entendre par le passé, est-elle jeune, vieille, extraterrestre, je ne sais pas mais mes oreilles en sont transformées. Le film fait aussi grosse impression, et ce n'est que plusieurs jours après que je finis par me dire "Hé mais qu'est-ce que c'était au fait la chanson dans l'intro ?". Recherche internet : The Times They Are A-Changin' - Bob Dylan ? Cool. Best song ever. J'y télécharge, j'y fous sur itunes et dans l'ipod, et comme le jeune con que je suis je me contente de l'écouter en boucle jusqu'à plus soif sans pousser plus loin mes recherches. Je saurais pas vous dire si le Dylan en question est anglais ou roumain, il ne me viendrait pas à l'esprit qu'il ait pu accomplir autre chose que cette perle, tout le jus a dû partir là-dedans, non ? Flash-forward vers mes 17 ans et le cadeau d'anniversaire que mon père (qu'il soit béni entre tous) a l'idée géniale de m'offrir après avoir entendu la chanson passer plusieurs fois de suite dans ma chambre. Un truc qui trône encore sur mon étagère, la clé des songes, l'origine du monde.
Dans ce coffret, l'album Highway 61 Revisited, quelques photos des sessions studio, et le docu No Direction Home (le dvd est aujourd'hui rayé, mort au combat). Déjà, je suis frappé par la photo de couverture : cette classe intégrale, cette touffe négligée, cette posture mi-branleur mi-impliqué, cet objet non-identifié autour du cou, oh toi je sens que tu vas me plaire. Le film attendra, ça tombe bien y a rien ce soir à la téloche, je vais d'abord tester l'album. Press play. BOUM Dans ce boum y a beaucoup de choses, je ne vais pas vous faire l'affronter de me lancer dans une énième description de ce monument. Le premier coup de caisse de Like A Rolling Stone m'envoie au plafond et j'y reste cloué jusqu'aux dernières notes de Desolation Row. Je me le repasse. Au début trop sonné pour ne serait-ce qu'essayer de saisir le sens des paroles, mais le son dit déjà tout. Et je me le repasse. Et je me le repasse. Et je me le repasse encore et encore. Dès que je sors du brouillard (après plusieurs jours ? plusieurs semaines ?) je me précipite en ville pour acheter le premier CD qui me tombera sous la main, et je viens au monde. C'est de là que tout part, c'est Dylan qui me mènera à Kerouac, à Rimbaud et à tout le reste.
Highway 61 Revisited c'est le foyer vers lequel je reviens toujours. Il s'en est fallu de peu pour que je ne croise jamais la route de ce pays imaginaire, mais maintenant que je la tiens j'en dévierai pas.