J'ai découvert les Black Rebel Motorcycle Club en deux temps.
Découvrir, d’abord.
Aimer, ensuite.
Découvrir, d’abord. 2001. Sans que l’on sache trop pourquoi, le monde (re)découvre tout à coup que l’on peut faire de chouettes choses avec une six cordes. Les Strokes, les Libertines…et « Whatever Happened To My Rock’n Roll ». D’entrée, je me dis que ces mecs sont malins. Ils viennent de livrer la bande-son du renouveau rock’n roll. Un slogan. Un leitmotiv. Pile poil dans le coup. Trop peut-être. Ce timing parfait me semble louche. Curieusement, je n’écouterai quasiment jamais le reste du disque, et jamais en entier. La chose semble entendue : les BRMC sont pour moi rangés dans une catégorie bien remplie, celle des groupes aussi sympathiques qu’anecdotiques. Je range le disque, et je me mets « No One Knows » des QOTSA.
Aimer, ensuite. Un pote, bien avisé. « Howl » en commençant par la fin. The Line. PAN. Plus d’électricité, plus d’esbrouffe. Alors que tout le monde a les pieds dans les années 80, les BRMC ont le cœur dans le même train que Woodie Guthrie. Fini la hype de la scène indé. La terre, la poussière. Kerouac et Ginsberg. Bienvenu dans le monde des immortels. Il faut savoir sacrifier la gloire du moment pour le culte éternel. Le bois est plus résistant que le plastique. Je découvre un songwriting de première catégorie. Des voix, aussi, qui me filent des frissons sans en faire des tonnes. De vraies émotions, pas des pleurnicheries préfabriquées. Grand disque.
Alors évidemment, je redonne une chance aux premiers albums. Pour aimer, il faut avoir envie d’aimer. Il faut avoir un a priori positif. Il faut avoir envie d’y croire. Grâce à Howl, j’ai furieusement envie d’y croire. La tête et les oreilles sont prêtes. Et je me ramasse « Awake », « As Sure As The Sun » ou « Spread Love » dans la gueule. Oui, oui, le songwriting était déjà bien présent à l’époque. Fallait juste tendre l’oreille. Dépasser les préjugés, la hype, les Inrocks et Rock’n Folk.
Et puis il y a l’attitude. Ce truc dont on devrait se foutre…et pourtant. Je n’écoute plus les Libertines depuis que Doherty est devenu cette caricature du rock-biz. Plus envie. Dans le même ordre d’idée, je ne sais pas si j’aurais accroché à Dylan si ce dernier ne m’avait pas hypnotisé dans « Don’t Look Back » et « Eat The Document ». Bref, l’attitude est plus importante qu’on ne veut bien l’admettre.
Evidemment, dans ce domaine-là, les BRMC sont dans le ton. En noir, sinon ça fait pas sérieux. En cuir, aussi. Même en mode acoustique. Parce que le rock’n roll, ce n’est pas l’électricité. Et puis les drogues restent en option. Quand les drogues deviennent la structure, l’élément fondamental de ton attitude, tu peux ranger tes amplis. T’es à côté de la plaque. Hier, j’ai vu Robert Been, blouson et lunette noire reprendre « Hattie Carroll » du Zim tout seul dans un studio. Je me suis dit : « Putain, grand groupe ».
A l’heure actuelle, les BRMC restent incroyablement sous-estimés.
Tant pis.
Et tant mieux.
Ils ne rempliront sans doute jamais les stades.
Mais ils se tissent, sans avoir l’air d’y toucher, une superbe redingote de groupe culte.
Dans 50 ans, quand les CD’s auront disparus, les amoureux de folk-rock racés s’échangeront les vinyles de la bande. Le bois, plus résistant que le plastique.
Leurs discographie...
Premier album.
Des tubes : "Whatever happened...", "Love Burns"...
Et deux-trois chansons noisy dans la veine de Jesus And Mary Chain à tomber par terre : "Awake", "As Sure As The Sun", "Heart + Soul", "Salvation".
Deuxième album dans la lignée du premier.
Plus rock'n roll et efficace, peut-être (à ce titre, superbe single "Stop").
Moins inspiré, quand même, même si il est d'un excellent niveau.
Le groupe prend tout le monde à contre-pied.
Ballade folk-country.
Accompagnement acoustique.
Disque mystique et spirituel.
Une splendeur.
L'enchaînement final "The Line", "Open Invitation" me file des frissons à tous les coups.
C'est un cliché, mais ça n'a jamais été aussi vrai : le disque de la maturité.
Songwriting de haute-volée, production soignée.
Ces mecs savent enregistrer les guitares comme personne.
"No What You Wanted" confirme que les gonzes ont un talent certains pour jeter des ponts sur l'océan atlantique.
"All You Do Is Talk" est en quelque sorte la chanson que U2 n'écrira jamais.
Citon également "Windows" ou "American X".
Bref, rien à jeter.
A part ça, il est obligatoire de se procurer les "Howl Session", des chutes de Howl qui sont bien mieux que des chutes ("Mercy", "Feel It Know"...)
Je vous mets quelques liens Youtube.
Si vous voulez quoi que ce soit pour découvrir, n'hésitez surtout pas à me demander, je me ferai un plaisir d'assouvir votre curiosité...
Les débuts : Whatever To My Rock'n Roll
https://www.youtube.com/watch?v=ot6FFSb5SzY
La suite : Stop
https://www.youtube.com/watch?v=2S-9zlnXL7o
La classe absolue : "Mercy"
https://www.youtube.com/watch?v=Me9MXStjNSE
Et un p'tit live : American X"
https://www.youtube.com/watch?v=Mw2gU7SKdwg
Voilà, désolé d'avoir été long et d'en avoir mis de partout.
Mais quand on aime...