- Planet waves a écrit:
- Que faîtes-vous pour la fête de la musique ?
Je tiens à préciser que tout ce qui suit est parfaitement authentique. Malheureusement.
Ahhh, la Fête de la Musique. Encore une bien belle initiative que nous devons à notre Lang national. Le temps d’une soirée, vous et moi, pour peu qu’on sache jouer plus de deux notes d’affilée sur n’importe quel instrument, avons la possibilité de se prendre pour Elvis Halliday.
Les initiatives apparaissent à chaque coin de rue dans un Paris qui revit et qui reprend, l’espace d’un instant, cet air festif qui a peu à peu disparu sous l’ère Chirac. Bref, on peut faire du boucan autant qu’on veut sans avoir les voisins sur les endosses.
C’est comme çà qu’un soir de Juin de l’année… 1997 ( ?), mon « groupe » et moi-même avons organisé le concert du siècle ! « LES FRAISES TAGADA » jouaient live ce soir là, en exclusivité mondiale, pour la modique somme de gratos, pas au Parc des Princes, Pas à Bercy, pas au Zénith, non, dans l’arrière cour de chez Momo, un pote qui tenait la brasserie du coin, dans un arrondissement perdu. Autant dire qu’il s’agissait là du deuxième évènement planétaire du siècle, après Woodstock quand même…
Perso, j’étais bassiste, une sorte de réplique exacte de Paulo le scarabée, avec quand même un côté John Paul Jones, parce que bon, on n’est pas des tapettes ! Notre créneau, c’était plutôt le rock couillu, avec des paroles marrantes, un brin keupon quoi…
Tout commençait bien puisqu’il rinçait comme vache qui pisse, et que donc, nous voici en train de monter le matos sous des cordes en se disant que le concert pourrait bien être annulé, mais fort heureusement, une éclairci nous permis enfin d’espérer…. Evidemment, mes petites baskets ont vite morflé, et me voilà affublé d’une paire de chaussures en terre glaise du meilleur goût. Rock’n roll.
L’ambiance est chaude comme un décolleté à TITAM, on enquille une bière ou deux, et le public se pointe par milliers, enfin, par centaines, ouais, par dizaines… Hein ? Ouais par poignées… de deux. Bref, au bout de quelques heures, nous arrivons péniblement à amonceler une vingtaine de personnes… Que des potes.
Evidemment, sur l’avenue joue (de mémoire) SINCLAIR, le juré actuel de la nouvelle star, et forcément, d’un point de vue strictement décibélique, çà envoie un poil plus. Pas grave, on entame !
Le leader chanteur/guitariste/compositeur/producteur/conducteur d’estafette, monte sur la scène….sur l’estrade et lance un : « Bonsoir Paris ! » Tout le monde est mort de rire, nous, on ne comprend pas vraiment pourquoi. Bref, on, two, tree…. Et pan ! On entame. Sauf que le batteur frappe comme un sourd (ahhhh ….. C’est çà l’intérêt de la « Balance ») et que du coup, personne n’entend rien…. Rock’n roll.
Je me ruine donc les doigts sur la basse pour essayer de me faire entendre, et on finit par régler, plus ou moins le problème…. Les bières continuent de couler à flots, au point que le guitariste/chanteur/leader/alcolo est rond comme une queue de pelle, et aligne péniblement son texte…quand aux accords, ils sont tout simplement faux une fois sur deux…
Et là, l’air de rien, le chanteur/ivrogne lance des œillades meurtrières à une donzelle du public au point de ne pas voir qu’il est au bout de l’estrade, du coup, il se bâche royalement, emportant avec lui, le micro, et l’ampli… Rock’n roll.
Cà suinte la merguez façon charbon de bois, et les relents de binouze, mais bon, on se marre bien… Et après trois rappels (çà fait trois fois qu’on joue les mêmes morceaux quand même…) nous massacrons joyeusement un titre de R.E.M….et le chanteur/cirrhosé lâche sa gratte tout à coup pour aller gerber tripes et boyaux en backstage… sur le stock à Momo qui apprécie moyennement… Il finira dans les loges….dans les chiottes à prendre conscience de ce qu’est la gloire. Rock’n roll.
Ce soir là, il s’est remis à pleuvoir quand on a remballé le matos. A deux. Bah oui, Le leader de notre groupe était écroulé dans son vomi. Nous, tous justes bourrés. Juste ce qu’il fallait pour prendre conscience du fiasco de l’aventure, même si on avait bien rit.
Depuis, je n’ai pas remis les pieds à la fête de la musique. Ce soir là, perso, je me fais un plateau téloche. Avec un jus de fruits.