Il y a 10 ans (déjà ?!), papa m'emmène au cinoche pour voir les Blues Brothers 2000, indicible navet dans lequel figurent tout de même quelques instants d'incroyable Grâce musicale (BB King,
How Blue can you get, en est un). Transcendé par ces quelques sons qui me laissent présager des univers merveilleux, dès le lendemain je pique dans le tiroir de mon cher père un best-of quelconque de John Lee Hooker.
La baffe ! Cette cassette a tellement tourné dans mon walkman (vous vous souvenez, ces énormes boîtiers inélégants comme on en fabrique plus aujourd'hui ?) que la bande s'est rompue un beau matin, au petit déjeuner, me mettant d'humeur exécrable pour le cours de math qui suivait.
Dans le même temps, je découvre Howlin' Wolf, Muddy Waters et tout le Chicago blues des années 50 et 60 (il faudra attendre quelques années pour que je me mette aux joies simples du Delta). Je m'aventure aussi en terre psychédélique avec les classiques (Hendrix, Joplin, surtout Canned Heat).
Quelques semaines plus tard, toujours du haut de mes 12 ans donc, je me fais offrir la cassette du premier film des Blues Brothers, par John Landis. Un chef d'oeuvre de drôlerie et de rythm 'n blues. C'est décidé, j'ai trouvé ma voie, et les remarques de mon grand frère, qui a toujours le mot pour rire ("faut que t'arrêtes d'écouter tous ces vieux blacks avec des ch'veux gras") n'y changeront rien.
Lorsque je m'achète Riding with the King (Clapton et, donc, BB King), mes copains du collège trouvent que je suis vraiment pas marrant. C'était le bon temps des découvertes. J'ai retrouvé tout récemment la version CD de la cassette de Hooker, intitulée This is hip, et bien que je connaisse désormais tout cela par coeur, toutes ces émotions qui sont revenues, c'est dingue... Proust et sa madeleine n'ont qu'à bien se tenir.
Ce fut donc ma première révolution musicale, assez simplette au demeurant (il a fallu attendre avant que je me colle à des choses plus austères et poisseuses), bien avant de découvrir le Zim, à ce moment que j'ai commencé à errer parmi les rayons de disques comme dans une caverne aux trésors... Le chemin a parfois été tortueux, j'ai subi pas mal de brimades (oui, je vivais en pleine cambrousse, c'était pas courant) mais j'y suis arrivé - et je m'en porte mieux que jamais.
In memoriam : http://www.imdb.com/title/tt0080455/trailers-screenplay-E10256-310