John Trudell
Le regard de John Trudell est marqué par la vie, comme ceux de tous les hommes qui ont vu beaucoup de choses. Presque trop.
Leader de la communauté amérindienne, John Trudell est né le 15 février 1946 à Omaha (Nebraska). Fils d'un santee et d'une métisse indienne-mexicaine, il grandit aux abords de la réserve des sioux santee du Dakota. Sa mère décède alors qu'il n'a que 6 ans. Enfant d'une famille nombreuse, il est élevé par son père (resté seul) dans des conditions matérielles très dures. Cette vie difficile lui fait prendre en horreur " L'american way of life " dont les indiens sont sauvagement exclus. En 1963, il s'engage dans la Marine (" pour minimiser mes chances de finir en " chair à canon ". Mais j'ai découvert que ce que je vivais en tant qu'indien et prisonnier de l'Amérique, d'autres le vivaient dans le reste du monde "). Au contact des réalités et des autres peuples, son engagement politique s'affirme. Et en 1969, on le retrouve parmi les leaders de la célèbre occupation de l'île d'Alcatraz par des représentants de toutes les tribus indiennes. Cet événement va déclancher une prise de conscience mondiale. John Trudell devient l'un des principaux porte-parole de la nation indienne ce qui lui attire non seulement l'attention des médias, du grand public américain mais aussi du FBI. Il faut dire qu'il a le verbe tranchant, fustigeant le gouvernement blanc : " Ils nous ont déclaré la guerre. Puis ils nous ont traqués comme des bêtes. Ils nous ont tués, ils nous ont emprisonnés, anéantis par tous les moyens qu'ils avaient à leur disposition. Aujourd'hui, ils ont l'air surpris par cette chose incroyable en train de se produire à Alcatraz... Comme si l'esprit des chasseurs nous gagnait, comme si les âmes de ceux qui chassaient en toute liberté sur leurs terres nous rejoignaient ". Lorsque l'occupation d'Alcatraz prend fin en 1971, le AIM (American Indian Movement) est né et commence à se structurer. Trudell en est nommé président de 1973 à 1979, ce qui explique l'importance du dossier que le FBI constitue sur lui (plus de 17 000 pages !). Trudell assume sa charge avec passion, avec rage et courage.
Le 11 février 1979, à la suite d'une manifestation et d'un discours musclé, il brûle symboliquement un drapeau américain sur les marches du " Edgar Hoover building " à Washington DC. La risposte ne se fait pas attendre longtemps. 12 heures plus tard un incendie " d'origine mystérieuse " se déclare en pleine nuit dévastant sa maison située dans la réserve Shoshone Paiute. Sa femme Tina, ses trois enfants et sa belle-mère sont brûlés vifs. Le Bureau des Affaires Indiennes parle d'un accident et le FBI refuse carrément d'enquêter. Anéanti, John Trudell se retire du monde et commence à écrire. " L'écriture et la poésie sont venues à moi comme par surprise. J'avais déjà rédigé des discours politiques mais rien qui ressemblait de près ou de loin à de la poésie. Et environ six mois après l'incendie, alors que j'étais au plus mal, les mots me sont venus. Ces mots étaient mes bombes, mes larmes et ma vie ". A la fin du printemps 1979, il rencontre Jackson Browne et ils deviennent amis. Trainant dans les studios d'enregistrement, Trudell décide de méler poésie, rock et musique traditionnelle amérindienne. Avec son pote Jackson Browne, il réalise un premier enregistrement (" Tribal voice ") à base de textes, chants traditionnels et de percussions. Puis il rencontre le guitariste Jesse Ed Davis, d'origine indienne kiowa, et les deux compères s'aventurent sur de nouvelles pistes. En 1986, sort " A.K.A grafitti man " sur le label de Trudell baptisé " Peace Company ". Malgrè une diffusion limitée (il n'est édité qu'en cassette) il obtient un grand succès critique. Bob Dylan le déclare " Album de l'année " et le fait passer en bande-son avant ses concerts. Très rapidement, la notoriété de John Trudell a dépassé la communauté amérindienne et les frontières des Etats Unis.
Porte parole et symbole du peuple amérindien, personnage haut en couleurs John Trudell attire les sympathies . Après plusieurs albums de ses poèmes mis en musique avec l'aide de ses amis Jesse Ed Davis ou Jackson Browne, en 2001 c'est la comédienne Angela Jolie qui produit Bone Days. Hollywood ne pouvait pas passer à côté d'un tel personnage et fait appel à lui dans plusieurs films concernant les indiens en 92 il joue un petit rôle dans le film "thunderheart" et apparait dans le documentaire produit par Robert Redeford "Incident at Oglala" et dans "Smoke signals" en 98. Mais l'industrie du cinéma s'interesse aussi à sa vie. Il décline une proposition du célèbe rockumentariste D.A Pennabeker pour travailler avec Heather Rae une productrice/réalisatrice cherokee qui démarre la production en 1992 de "Trudell" qui sort sur les écrans en 2006
Le site de John Trudell:http://www.johntrudell.com/
Accueil 
Sujet: John Trudell 
Ven 20 Oct - 1:39
