TRACK TALK #59 I And I

I AND I
ALBUM : Infidels (1983)
Recorded : 27 Avril 1983
Released : 27 Octobre 1983



Lyrics
Been so long since a strange woman has slept in my bed
Look how sweet she sleeps, how free must be her dreams
In another lifetime she must have owned the world, or been faithfully wed
To some righteous king who wrote psalms beside moonlit streams.

I and I
In creation where one's nature neither honors nor forgives
I and I
One say to the other, no man sees my face and lives.

Think I'll go out and go for a walk
Not much happening here, nothing ever does
Besides, if she wakes up now, she'll just want me to talk
I got nothing to say, 'specially about whatever was.

I and I
In creation where one's nature neither honors nor forgives
I and I
One say to the other, no man sees my face and lives.

Took an untrodden path once, where the swift don't win the race
It goes to the worthy, who can divide the word of truth
Took a stranger to teach me, to look into justice's beautiful face
And to see an eye for an eye and a tooth for a tooth.

I and I
In creation where one's nature neither honors nor forgives
I and I
One say to the other, no man sees my face and lives.

Outside of two men on a train platform there's nobody in sight
They're waiting for spring to come, smoking down the track
The world could come to an end tonight, but that's all right
She could still be there sleeping when I get back.

I and I
In creation where one's nature neither honors nor forgives
I and I
One say to the other, no man sees my face and lives.
Noontime, and I'm still pushing myself along the road, the darkest part
Into the narrow lanes, I can't stumble or stay put
Someone else is speaking with my mouth, but I'm listening only to my heart
I've made shoes for everyone, even you, while I still go barefoot.

I and I
In creation where one's nature neither honors nor forgives
I and I
One say to the other, no man sees my face and lives.

***

Première performance live : Vérone (28 mai 1984)
Dernière performance live : New Haven (10 novembre 1999)
Total : 204 fois.
Inauguré lors de la tournée 84 puis repris en compagnie de Tom Petty et du Dead, entre 86 et 87.
Elle sera une récurrente du NET entre 1992 et 1999.

***

- Le critique Tim Riley voit dans cette chanson une illustration de la distance qui existe entre la véritable identité de Dylan et celle qu'il montre au public : "Someone else is speakin' with my mouth, but I'm listening only to my heart/I've made shoes for everyone, even you, while I still go barefoot.'"
- Une version live est disponible sur "Real Live", sorti en 1984.

C'est une des chansons que je préfère sur Infidels. Dylan s'y donne vraiment, je trouve, elle dégage une force incroyable.
J'ai presque l'impression qu'il est lui-même sur le point de fondre en larmes, concernant certains vers, tant il est impliqué émotionnellement. C'est vraiment très beau.

Concernant le texte, l'évocation de la double-identité est très probable j'imagine. Ca me rappelle assez Rimbaud, et son "Je est un autre".
Ce texte est magnifique de manière générale, les tournures de phrases, les images, etc.

Sinon, j'ai une affection particulière pour la version du live "Real Live", c'est par celui-ci que j'ai découvert la chanson. Il lance admirablement sa voix sur certains vers, je pense notamment au passage: "The world could come to an end tonight, but that's all right/She could still be there sleeping when I get back"..

Pour finir on peut noter la similitude entre le vers "to see an eye for an eye, and a tooth for tooth" et la chanson "Truth for Truth" de Jakob Dylan, où il chantonne "Eye for an eye, and truth for truth".
Très probable clin d'oeil.

Ma chanson préférée d'Infidels, et l'une de mes préférée des années 80 de Dylan. Superbe ligne vocale et refrain magnifique. Au niveau du texte, ici il retrouve vraiment une verve et un lyrisme qui avaient selon moi disparu pendant la trilogie chrétienne, son meilleur texte depuis "Changing of the Guards" en fait. Mais, comme beaucoup de monde, je trouve qu'il y a une dimension religieuse dans cette chanson, car plutôt qu'un texte sur la relation entre les identités de Dylan, j'y vois plutôt un texte sur la relation entre l'homme et Dieu, comme si Dylan faisait un bilan ou une conclusion de sa période "born-again", et sa foi a visiblement été mise à mal entre "Shot of Love" et "Infidels". Cette dimension spirituelle est particulièrement visible dans le refrain ("One says to the other, no man sees my face and lives"). Selon-moi, dans ce texte, Dylan révise sa notion de Dieu et abandonne la ferveur fondamentaliste et grandiloquente qui l'avait saisi, pour plutôt suggérer une spiritualité plus personnelle, discrète et intériorisé, coupant court avec la "foi" religieuse à proprement parler, où Dieu, plutôt qu'être un grand barbu veillant sur nous depuis les cieux, se trouverait être une part de nous même, un genre d'inconscient, "in creation where one's nature neither honors nor forgives", nous guidant à travers nos vies ("it goes to the worthy, who can divide the word of truth." "Someone else is speakin' with my mouth, but I'm listening only to my heart."). La nature de l'homme serait plurielle, "I and I" donc.

(Aussi, joli jeu de mot entre "I and I" et "Eye for an eye", référence biblique.)

Desmos a écrit:

Ma chanson préférée d'Infidels, et l'une de mes préférée des années 80 de Dylan. Superbe ligne vocale et refrain magnifique. Au niveau du texte, ici il retrouve vraiment une verve et un lyrisme qui avaient selon moi disparu pendant la trilogie chrétienne, son meilleur texte depuis "Changing of the Guards" en fait. Mais, comme beaucoup de monde, je trouve qu'il y a une dimension religieuse dans cette chanson, car plutôt qu'un texte sur la relation entre les identités de Dylan, j'y vois plutôt un texte sur la relation entre l'homme et Dieu, comme si Dylan faisait un bilan ou une conclusion de sa période "born-again", et sa foi a visiblement été mise à mal entre "Shot of Love" et "Infidels". Cette dimension spirituelle est particulièrement visible dans le refrain ("One says to the other, no man sees my face and lives"). Selon-moi, dans ce texte, Dylan révise sa notion de Dieu et abandonne la ferveur fondamentaliste et grandiloquente qui l'avait saisi, pour plutôt suggérer une spiritualité plus personnelle, discrète et intériorisé, coupant court avec la "foi" religieuse à proprement parler, où Dieu, plutôt qu'être un grand barbu veillant sur nous depuis les cieux, se trouverait être une part de nous même, un genre d'inconscient, "in creation where one's nature neither honors nor forgives", nous guidant à travers nos vies ("it goes to the worthy, who can divide the word of truth." "Someone else is speakin' with my mouth, but I'm listening only to my heart."). La nature de l'homme serait plurielle, "I and I" donc.

(Aussi, joli jeu de mot entre "I and I" et "Eye for an eye", référence biblique.)

point de vue que je partage également sur cette chanson...
Très beau texte!

Une de mes chansons préférées des années 80.
Son interprétation vocale est particulièrement remarquable sur cette chanson
Dommage qu'il ne l'a joue plus sur scène

Je ne sais même pas dire ce que vaut cette chanson intrinsèquement : je trouve la version d'Infidels massacrée par les arrangements qui cassent sa ligne mélodique et la rendent quelconque. Je n'ai jamais réussi à l'écouter en faisant abstraction de ces arrangements.
Si vous avez un boot avec une version plus fluide...

JeffreyLeePierre a écrit:

Je ne sais même pas dire ce que vaut cette chanson intrinsèquement : je trouve la version d'Infidels massacrée par les arrangements qui cassent sa ligne mélodique et la rendent quelconque. Je n'ai jamais réussi à l'écouter en faisant abstraction de ces arrangements.
Si vous avez un boot avec une version plus fluide...

Même si je l'adore en version studio, je te conseille les versions live de 84. Palaeur, le Wembley Stadium... La version australienne de la tournée Petty 86 est plutôt puissante aussi, tout comme Londres 87. Après, ça devient plus bancal. Moi j'aime bien les versions de 1999. Je peux mettre ça sur la DropBox si ça vous intéresse.

hazel a écrit:

JeffreyLeePierre a écrit:

Je ne sais même pas dire ce que vaut cette chanson intrinsèquement : je trouve la version d'Infidels massacrée par les arrangements qui cassent sa ligne mélodique et la rendent quelconque. Je n'ai jamais réussi à l'écouter en faisant abstraction de ces arrangements.
Si vous avez un boot avec une version plus fluide...

Même si je l'adore en version studio, je te conseille les versions live de 84. Palaeur, le Wembley Stadium... La version australienne de la tournée Petty 86 est plutôt puissante aussi, tout comme Londres 87. Après, ça devient plus bancal. Moi j'aime bien les versions de 1999. Je peux mettre ça sur la DropBox si ça vous intéresse.

Je suis preneur.

hazel a écrit:

JeffreyLeePierre a écrit:

Je ne sais même pas dire ce que vaut cette chanson intrinsèquement : je trouve la version d'Infidels massacrée par les arrangements qui cassent sa ligne mélodique et la rendent quelconque. Je n'ai jamais réussi à l'écouter en faisant abstraction de ces arrangements.
Si vous avez un boot avec une version plus fluide...

Même si je l'adore en version studio, je te conseille les versions live de 84. Palaeur, le Wembley Stadium... La version australienne de la tournée Petty 86 est plutôt puissante aussi, tout comme Londres 87. Après, ça devient plus bancal. Moi j'aime bien les versions de 1999. Je peux mettre ça sur la DropBox si ça vous intéresse.

Ben oui, chuis-ti con, je l'ai déjà ramassée avec le True Confession for Carol avec Petty.
Elle a un côté Budokan, là. Pas mal

J'ai plus ou moins découvert cette chanson grâce à ce TRACK TALK : j'étais passé un peu vite sur Infidels en pensant que seul Jokerman valait le coup (et ouais, erreur de débutant). J'aime les références bibliques mystérieuses, les interprétations multiples et le refrain que je ne peux pas m'empecher de crier sur la fin (oui oui ) en même temps que lui (un peu comme sur Jokerman d'ailleurs).
Mais, c'est vrai aussi que l'arrangement sur Infidels pourrait être mieux..

(pour les curieux et un peu incultes comme moi, il semblerait que le "righteous king who wrote psalms beside moonlit streams" soit une référence au roi David qui a écrit les Psaumes - et qui est devenu +/- un symbole de justice, mais je vais arrêter là les interprétations).

Pousse donc jusqu'à la fin d'Infidels : la vraie perle est Don't Fall Apart On Me Tonight.

Je plussoie le commentaire de Jeff ci-dessus.
Et j'ajoute que j'ai un faible très bizarre pour Union Sundown, kitcherie parmi les kitcheries, avec son texte tordant et ses effets hyper-lourdingues. C'est du grand n'importe quoi, mais ça me donne envie d'ériger des barricades dans ma rue. Voilà, je la kiffe.

Mr. Oyster a écrit:

Et j'ajoute que j'ai un faible très bizarre pour Union Sundown, kitcherie parmi les kitcheries, avec son texte tordant et ses effets hyper-lourdingues. C'est du grand n'importe quoi, mais ça me donne envie d'ériger des barricades dans ma rue. Voilà, je la kiffe.

Tu as encore bu.

JeffreyLeePierre a écrit:

Pousse donc jusqu'à la fin d'Infidels : la vraie perle est Don't Fall Apart On Me Tonight.

C'est vrai que Don't Fall Apart On Me Tonight est bien aussi, un style vraiment différent (qui me fait un peu penser à Bob Marley, à tort ou à raison..).

Ce Dijon millésimé 1998 est somptueux

Dylan dit de lui même qu'il ne sait pas écrire de mélodies, mais il en a quand même pondu de sacrement efficaces. Avec les jolies intro à rallonge du début des années 90, l'harmonica et la guitare acoustique, c'est délicieux

voici mes 5 versions live favorites :

- dublin 08/07/84 (real live)
- modena 12/09/87
- spartanburg 04/11/96
- dijon 01/07/98
- new haven 10/11/99