| | Poème du soir, espoir | |
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Auteur | Message |
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Alibou This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2447 Age : 31 Date d'inscription : 01/03/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 9 Aoû - 10:11 | |
| - Crazy horse a écrit:
- Poolevorde était bon à l'époque.
Il a un petit rôle très marrant dans "Louise Michel" | |
| | | No fun This Land Is Your Land
Nombre de messages : 4944 Age : 37 Localisation : Prague Date d'inscription : 30/03/2006
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 9 Aoû - 13:19 | |
| - alipunkadelic a écrit:
- Crazy horse a écrit:
- Poolevorde était bon à l'époque.
Il a un petit rôle très marrant dans "Louise Michel" ouais .. et vous oublie aussi "cow boy"(belge aussi). Non,il est loin d'être finis le benoît,tu es sévère là. C'est qu'il traverse encore une dépression je crois .. il fait le mariole à l'écran mais est un hyper angoissé dans la vie .. souvent,c'est lui qui parvient à sauver les films par son jeu .. ses rôles et films ne sont pas toujours aussi bons qu'à ses débuts mais il a encore pas mal d'années pour en faire d'autres,peut-être interprétra-t-il encore des marginaux(dans louis michel,il en joue un c'est vrai). J'ai une tendresse particulière pour ce mec,je n'y peux rien. | |
| | | Noulé This Land Is Your Land
Nombre de messages : 916 Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 24 Nov - 5:27 | |
| Las de l'amer repos où ma paresse offense Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance Adorable des bois de roses sous l'azur Naturel, et plus las sept fois du pacte dur De creuser par veillée une fosse nouvelle Dans le terrain avare et froid de ma cervelle, Fossoyeur sans pitié pour la stérilité, - Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité Par les roses, quand, peur de ses roses livides, Le vaste cimetière unira les trous vides ? - Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays Cruel, et, souriant aux reproches vieillis Que me font mes amis, le passé, le génie, Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie, Imiter le Chinois au coeur limpide et fin De qui l'extase pure est de peindre la fin Sur ses tasses de neige à la lune ravie D'une bizarre fleur qui parfume sa vie Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant, Au filigrane bleu de l'âme se greffant. Et, la mort telle avec le seul rêve du sage, Serein, je vais choisir un jeune paysage Que je peindrais encor sur les tasses, distrait. Une ligne d'azur mince et pâle serait Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue, Un clair croissant perdu par une blanche nue Trempe sa corne calme en la glace des eaux, Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.
Mallarmé, ce poète. | |
| | | odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mer 25 Nov - 1:38 | |
| Tu m'étonnes. _________________ Seul mon squelette reste optimiste.
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| | | odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Sam 9 Jan - 0:22 | |
| Ce mince trou
fait en pissant
dans la neige à ma porte.
Issa (1763-1827) _________________ Seul mon squelette reste optimiste.
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| | | Esther This Land Is Your Land
Nombre de messages : 13934 Age : 50 Date d'inscription : 22/06/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Sam 9 Jan - 9:57 | |
| J'ai mal au cul
J'ai mal au cul
J'ai mal occupé ma jeunesse...
Hache (préparation de son prénom). | |
| | | Isis One More Cup Of Coffee
Nombre de messages : 177 Age : 31 Date d'inscription : 23/04/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Sam 30 Jan - 23:49 | |
| Celui dont on ne se lassera jamais :
Emportez-moi dans une caravelle, Dans une vieille et douce caravelle, Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume, Et perdez-moi, au loin, au loin.
Dans l'attelage d'un autre âge. Dans le velours trompeur de la neige. Dans l'haleine de quelques chiens réunis. Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.
Emportez-moi sans me briser, dans les baisers, Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent, Sur les tapis des paumes et leur sourire, Dans les corridors des os longs et des articulations.
Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
Michaux, Emportez-moi. | |
| | | Isis One More Cup Of Coffee
Nombre de messages : 177 Age : 31 Date d'inscription : 23/04/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 15 Fév - 2:02 | |
| Les rois ne touchent pas aux portes.
Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l'un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, - tenir dans ses bras une porte.
... Le bonheur d'empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l'un de ces hauts obstacles d'une pièce ; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l'oeil s'ouvre et le corps tout entier s'accommode à son nouvel appartement.
D'une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s'enclore, - ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l'assure.
Ponge, Les plaisirs de la porte. | |
| | | odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 15 Fév - 2:28 | |
| Tu me proposes, fenêtre étrange
Tu me proposes, fenêtre étrange, d'attendre ; déjà presque bouge ton rideau beige. Devrais-je, ô fenêtre, à ton invite me rendre ? Ou me défendre, fenêtre ? Qui attendrais-je ?
Ne suis-je intact, avec cette vie qui écoute, avec ce coeur tout plein que la perte complète ? Avec cette route qui passe devant, et le doute que tu puisses donner ce trop dont le rêve m'arrête ?
Rilke _________________ Seul mon squelette reste optimiste.
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| | | Sherpa This Land Is Your Land
Nombre de messages : 382 Localisation : Suisse Date d'inscription : 30/01/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 16 Mar - 15:59 | |
| Bierstube Magie allemande Et douces comme un lait d'amandes Mina Linda lèvres gourmandes Qui tant souhaitent d'être crues A fredonner tout bas s'obstinent L'air Ach du lieber Augustin Qu'un passant siffle dans la rue
Sofienstrasse Ma mémoire Retrouve la chambre et l'armoire L'eau qui chante dans la bouilloire Les phrases des coussins brodés L'abat-jour de fausse opaline Le Toteninsel de Boecklin Et le peignoir de mousseline Qui s'ouvre en donnant des idées
Au plaisir prise et toujours prête O Gaense-Liesel des défaites Tout à coup tu tournais la tête Et tu m'offrais comme cela La tentation de ta nuque Demoiselle de Sarrebrück Qui descendais faire le truc Pour un morceau de chocolat
Et moi pour la juger que suis-je Pauvres bonheurs pauvres vertiges Il s'est tant perdu de prodiges Que je ne m'y reconnais plus Rencontres Partances hâtives Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent Comme des soleils révolus
Tout est affaire de décors Changer de lit changer de corps A quoi bon puisque c'est encore Moi qui moi-même me trahis Moi qui me traîne et m'éparpille Et mon ombre se déshabille Dans les bras semblables des filles Où j'ai cru trouver un pays
Coeur léger coeur changeant coeur lourd Le temps de rêver est bien court Que faut-il faire de mes jours Que faut-il faire de mes nuits Je n'avais amour ni demeure Nulle part où je vive ou meure Je passais comme la rumeur je m'endormais comme le bruit
C'était un temps déraisonnable On avait mis les morts à table On faisait des châteaux de sable On prenait les loups pour des chiens Tout changeait de pôle et d'épaule La pièce était-elle ou non drôle Moi si j'y tenait mal mon rôle C'était de n'y comprendre rien
Dans le quartier Hohenzollern Entre la Sarre et les casernes Comme les fleurs de la luzerne Fleurissaient les seins de Lola Elle avait un coeur d'hirondelle Sur le canapé du bordel Je venais m'allonger près d'elle Dans les hoquets du pianola
Elle était brune et pourtant blanche Ses cheveux tombaient sur ses hanches Et la semaine et le dimanche Elle ouvrait à tous ses bras nus Elle avait des yeux de faïence Et travaillait avec vaillance Pour un artilleur de Mayence Qui n'en est jamais revenu
Il est d'autres soldats en ville Et la nuit montent les civils Remets du rimmel à tes cils Lola qui t'en iras bientôt Encore un verre de liqueur Ce fut en avril à cinq heures Au petit jour que dans ton coeur Un dragon plongea son couteau
Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fenêtre Leur chant triste entrait dans mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke
Aragon | |
| | | Aleyster This Land Is Your Land
Nombre de messages : 4807 Age : 31 Date d'inscription : 13/04/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 29 Mar - 13:44 | |
| Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêlent L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse Ta tête d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D’étoiles mon coeur!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal | |
| | | Noulé This Land Is Your Land
Nombre de messages : 916 Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 29 Mar - 14:11 | |
| - Aleyster a écrit:
- Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêlent L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse Ta tête d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D’étoiles mon coeur!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal | |
| | | odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 3 Mai - 22:44 | |
| Ma langue est poétique, elle est sans violence, ma langue est poétique, elle est naturelle, ma langue est poétique, elle est amoureuse, elle ne voit pas le mal, elle voit la beauté, elle est éprise. Elle danse, elle virevolte, elle aime. Elle ne s’appuie pas, elle va d’un bond, inspirée et libre, elle pressent ses mots, elle sait où aller, elle n’aime pas la violence indistincte et la violence des coups de tête, elle est pure, elle est gentille, murmurante, elle est murmurée, elle est un murmurement. Ma langue est en paix, ma langue est douce.
Christophe Tarkos - Ecrits poétiques _________________ Seul mon squelette reste optimiste.
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| | | Raoul Like a Rolling Stone
Nombre de messages : 135 Age : 111 Date d'inscription : 22/04/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 4 Mai - 20:56 | |
| - odradek a écrit:
- Ma langue est poétique, elle est sans violence, ma
langue est poétique, elle est naturelle, ma langue est poétique, elle est amoureuse, elle ne voit pas le mal, elle voit la beauté, elle est éprise. Elle danse, elle virevolte, elle aime. Elle ne s’appuie pas, elle va d’un bond, inspirée et libre, elle pressent ses mots, elle sait où aller, elle n’aime pas la violence indistincte et la violence des coups de tête, elle est pure, elle est gentille, murmurante, elle est murmurée, elle est un murmurement. Ma langue est en paix, ma langue est douce.
Christophe Tarkos - Ecrits poétiques « Ma langue est poétique, est naturelle, est sonore, est bruitée, est féconde, est douce, est inondée de soleil, ma langue a des sons d’herbes et d’été, les herbes sont sonores, l’été est sonore d’herbes, l’herbe bruit dans ma langue, l’herbe sèche de l’été, en été, l’herbe sèche est bruyante, bruisse et cingle, ce sont les herbes, les bruits viennent de l’herbe, ce sont des bruits d’herbes sèches, ma langue a les bruits sonores des herbes desséchées de l’été, les bruits répétitifs, incessants, les bruits de ma langue ne cessent pas, cinglent et se répètent, et se dessèchent au soleil, le soleil sèche les herbes, les herbes bruissent, sifflent et cinglent, ma langue sèche, siffle, cingle, ma langue sonore, ma langue herbeuse, ma langue de sons herbeux, ma langue d’herbes qui sèchent, qui sont sonores, sonne, musicale, ensoleillée, sèche, ma langue est poétique, est sèche, crépite tout l’après-midi, depuis le lever du soleil, tout l’après-midi de cet été... » | |
| | | Raoul Like a Rolling Stone
Nombre de messages : 135 Age : 111 Date d'inscription : 22/04/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 4 Mai - 21:12 | |
| Il – coule – il se cogne – heurté aux murs – il se ramasse – piétine – il ne va pas loin – quatre pas vers la gauche – nouveau mur – il tend les bras - s'appuie – appuie fort – frotte sa tête – encore – plus fort – le front – là – le front – fait mal – frotte plus fort – s'irrite – pas le front – de l'intérieur – pleure
un corps là – qui s'exerce à la douleur – comme s'il n'en avait pas assez de cete souffrance – - à chaque instant – par flots – par vague immense – s'essayant au dérisoire de l'exercer –
murs fictifs aussi – murs sans nécessité - non – seulement à voir du côté de l'invisible présent – ici – face au corps démuni – bras immobiles balayant pourtant l'espace autour sans rencontrer de support ou prendre appui – attache provisoire – rien qu'un instant – pour ralentir son souffle – ralentir les battements – s'apaiser – ce corps cherchant la place – le creux où se refondre encore – chaleur rompue – et froid du monde autour – sa place ou position incertaine à inscrire contre le manque – les heurts du jour
pour l'instant – si l'on veut – joue – entre en scène le corps – parlant – mots par résonance – se fraient des voies – par flux – à travers les couches de mots – dépôt horizontal – au fond de quoi
parfois s'échappe – s'isole – solidifié – un mot – muré à l'intérieur – n'échappe pas – il crie – hurle – toujours même mot – se tord – étouffe – sans expulsion – ni crachat – ni vomissure – brûlure lente – foudroyante
voix silence souterrain
profondeurs calmes
à rompre
à surgir encore du sol – plissements et fractures – ruptures des épaisseurs – surabondance des couches – en difficulté d'être au jour – sortir au visible – à l'écoute – corps s'éloignant toujours – désir au-devant la parole – d'atteindre un mot – lente traversée
ou projeté – expulsé
ou vomi en malléable – à dire – l'éveil
bouche ouverte enfin – désespérant – afflux – douleur
Danielle Collobert / Il Donc | |
| | | Alibou This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2447 Age : 31 Date d'inscription : 01/03/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mer 5 Mai - 19:15 | |
| - odradek a écrit:
- Tu me proposes, fenêtre étrange
Tu me proposes, fenêtre étrange, d'attendre ; déjà presque bouge ton rideau beige. Devrais-je, ô fenêtre, à ton invite me rendre ? Ou me défendre, fenêtre ? Qui attendrais-je ?
Ne suis-je intact, avec cette vie qui écoute, avec ce coeur tout plein que la perte complète ? Avec cette route qui passe devant, et le doute que tu puisses donner ce trop dont le rêve m'arrête ?
Rilke | |
| | | Alibou This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2447 Age : 31 Date d'inscription : 01/03/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mer 5 Mai - 19:15 | |
| Moitié de la vie
Avec ses poires jaunies s’avance, Et pleine de roses sauvages, La rive sur le lac, Vous, cygnes charmants Et grisés de baisers Vous plongez la tête Dans l’eau sainte et frugale.
Malheur à moi, où vais-je, quand Ce sera l’hiver, prendre des fleurs, et où L’éclat du soleil, Et les ombres de la terre ? Les murs se tiennent Sans langage et froids, dans le vent Claquent les girouettes.
Hölderlin | |
| | | odradek This Land Is Your Land
Nombre de messages : 8153 Date d'inscription : 16/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Jeu 6 Mai - 0:58 | |
| - alipunkadelic a écrit:
- Moitié de la vie
Avec ses poires jaunies s’avance, Et pleine de roses sauvages, La rive sur le lac, Vous, cygnes charmants Et grisés de baisers Vous plongez la tête Dans l’eau sainte et frugale.
Malheur à moi, où vais-je, quand Ce sera l’hiver, prendre des fleurs, et où L’éclat du soleil, Et les ombres de la terre ? Les murs se tiennent Sans langage et froids, dans le vent Claquent les girouettes.
Hölderlin Certainement le poème le plus triste du monde... La deuxième strophe dépasse l'entendement. (Ps : une autre traduction - que je préfère - se termine par : Grincent les girouettes). Merci Alipunkdelic, ce poème est inépuisable... _________________ Seul mon squelette reste optimiste.
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| | | Alibou This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2447 Age : 31 Date d'inscription : 01/03/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Sam 22 Jan - 23:16 | |
| - odradek a écrit:
- alipunkadelic a écrit:
- Moitié de la vie
Avec ses poires jaunies s’avance, Et pleine de roses sauvages, La rive sur le lac, Vous, cygnes charmants Et grisés de baisers Vous plongez la tête Dans l’eau sainte et frugale.
Malheur à moi, où vais-je, quand Ce sera l’hiver, prendre des fleurs, et où L’éclat du soleil, Et les ombres de la terre ? Les murs se tiennent Sans langage et froids, dans le vent Claquent les girouettes.
Hölderlin
Certainement le poème le plus triste du monde...
La deuxième strophe dépasse l'entendement.
(Ps : une autre traduction - que je préfère - se termine par : Grincent les girouettes).
Merci Alipunkdelic, ce poème est inépuisable... Oh ! Merci. | |
| | | Alibou This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2447 Age : 31 Date d'inscription : 01/03/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Sam 22 Jan - 23:17 | |
| Clair de Lune
Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune, Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres. | |
| | | Noulé This Land Is Your Land
Nombre de messages : 916 Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 1 Mar - 13:38 | |
| "L'unie l'universalité la versatilité des voies que de froids voyeurs mentaux appellent, ils pèlent, ils pèlent le fruit pas besoin de mordre, de couper, de violer, de violemment pénétrer, tout tout cela, ils appellent tout cela inviolable, l'intout, le tout, l'intouchable, pour eux il n'y a vrai vraiment rien à transpercer. Leur monde est une boule ronde, lisse, purpure, aux bords innés inabord, d'abord il est inabordable, pas de fissure où se fourrer, pas de voie pour y pénétrer, et puis et puis il se méfie de nous, tic tic, il est métaphysique tic, le grand tout métaphysique."
Gherasim Luca à verse. | |
| | | Desmos This Land Is Your Land
Nombre de messages : 1494 Age : 29 Localisation : Le pays des vaches, Normandie Date d'inscription : 20/12/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 13 Mar - 15:02 | |
| Le Corbeau, d'Edgar Allan Poe :
Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, — murmurai-je, — qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela, et rien de plus. »
Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, — et qu’ici on ne nommera jamais plus.
Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin, pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée à la porte de ma chambre, quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; — c’est cela même, et rien de plus. »
Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, — dis-je, — ou madame, en vérité j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais, et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu taper à la porte de ma chambre, qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; — les ténèbres, et rien de plus !
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » — C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » — Purement cela, et rien de plus.
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, — dis-je, — sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; c’est le vent, et rien de plus. »
Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais, avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; — il se percha, s’installa, et rien de plus.
Alors cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, — lui dis-je, — soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n’eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que Jamais plus !
Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, — jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. » L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »
Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : « Sans doute, — dis-je, — ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul refrain, jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : Jamais, jamais plus !
Mais, le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son Jamais plus !
Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur ; je cherchais à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, — ah ! jamais plus !
Alors il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient des séraphins dont les pas frôlaient le tapis de la chambre. « Infortuné ! — m’écriai-je, — ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon, mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, — dis-moi sincèrement, je t’en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce Ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! — hurlai-je en me redressant. — Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la Nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, jamais plus...
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| | | Soledad This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2019 Age : 30 Localisation : Banlieue parisienne Date d'inscription : 28/02/2012
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mer 29 Fév - 2:08 | |
| Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d'un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde Que je n'entende plus le chant du batelier Et mettez près de moi toutes les filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter La voix chante toujours à en râle-mourir Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
Nuit Rhénane, Guillaume Apollinaire | |
| | | Oyster This Land Is Your Land
Nombre de messages : 9039 Localisation : In the pines Date d'inscription : 19/04/2005
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Mar 15 Mai - 21:18 | |
| STOÏCISME
Sois fort, tu seras libre ; accepte la souffrance Qui grandit ton courage et l’épure ; sois roi Du monde intérieur, et suis ta conscience, Cet infaillible Dieu que chacun porte en soi.
Espères-tu que ceux qui, par leur providence, Guident les sphères d’or, vont violer pour toi L’ordre de l’univers ? Allons, souffre en silence, Et tâche d’être un homme et d’accomplir ta loi.
Les grands dieux savent seuls si l’âme est immortelle ; Mais le juste travaille à leur œuvre éternelle, Fût-ce un jour, leur laissant le soin de l’avenir,
Sans rien leur envier, car lui, pour la justice Il offre librement sa vie en sacrifice, Tandis qu’un Dieu ne peut ni souffrir, ni mourir.
Louis Ménard, 1822-1901, Rêveries d’un païen mystique | |
| | | Soledad This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2019 Age : 30 Localisation : Banlieue parisienne Date d'inscription : 28/02/2012
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 10 Juin - 22:22 | |
| Un Poète
Un poète C’est un être unique A des tas d’exemplaires Qui ne pense qu’en vers Et n’écrit qu’en musique Sur des sujets divers Des rouges et des verts Mais toujours magnifiques
Boris Vian | |
| | | Sherpa This Land Is Your Land
Nombre de messages : 382 Localisation : Suisse Date d'inscription : 30/01/2008
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 17 Juin - 13:23 | |
| Delphine et Hippolyte
À la pâle clarté des lampes languissantes, Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur, Hippolyte rêvait aux caresses puissantes Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête, De sa naïveté le ciel déjà lointain, Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête Vers les horizons bleus dépassés le matin.
De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L'air brisé, la stupeur, la morne volupté, Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie, Delphine la couvait avec des yeux ardents, Comme un animal fort qui surveille une proie, Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
Beauté forte à genoux devant la beauté frêle, Superbe, elle humait voluptueusement Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle, Comme pour recueillir un doux remercîment.
Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime Le cantique muet que chante le plaisir, Et cette gratitude infinie et sublime Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
- "Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses? Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir L'holocauste sacré de tes premières roses Aux souffles violents qui pourraient les flétrir?
"Mes baisers sont légers comme ces éphémères Qui caressent le soir les grands lacs transparents, Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières Comme des chariots ou des socs déchirants;
"Ils passeront sur toi comme un lourd attelage De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié... Hippolyte, ô ma soeur! tourne donc ton visage, Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,
"Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles! Pour un de ces regards charmants, baume divin, Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles Et je t'endormirai dans un rêve sans fin!"
Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête: - "Je ne suis point ingrate et ne me repens pas, Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète, Comme après un nocturne et terrible repas.
"Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes Et de noirs bataillons de fantômes épars, Qui veulent me conduire en des routes mouvantes Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
"Avons-nous donc commis une action étrange? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi: Je frissonne de peur quand tu me dis: 'Mon ange!' Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
"Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée! Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection, Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition!"
Delphine secouant sa crinière tragique, Et comme trépignant sur le trépied de fer, L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique: - "Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer?
"Maudit soit à jamais le rêveur inutile Qui voulut le premier, dans sa stupidité, S'éprenant d'un problème insoluble et stérile, Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
"Celui qui veut unir dans un accord mystique L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique À ce rouge soleil que l'on nomme l'amour!
"Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide; Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers; Et, pleine de remords et d'horreur, et livide, Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
"On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître!" Mais l'enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain: "Je sens s'élargir dans mon être Un abîme béant; cet abîme est mon coeur!
"Brûlant comme un volcan, profond comme le vide! Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
"Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos! Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux!"
- Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l'enfer éternel! Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes, Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage. Ombres folles, courez au but de vos désirs; Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage, Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes; Par les fentes des murs des miasmes fiévreux Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
L'âpre stérilité de votre jouissance Altère votre soif et roidit votre peau, Et le vent furibond de la concupiscence Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts courez comme les loups; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l'infini que vous portez en vous!
Baudelaire
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| | | Soledad This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2019 Age : 30 Localisation : Banlieue parisienne Date d'inscription : 28/02/2012
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 17 Juin - 20:28 | |
| Les Moutons
Ferme les yeux visage noir Ferme les jardins de la rue L’intelligence et la hardiesse L’ennui et la tranquilité Ces tristes soirs à tout moment Le verre et la porte vitrée Confortable et sensible Légère et l’arbre à fruits L’arbre à fleurs l’arbre à fruits Fuient.
Paul Eluard. | |
| | | Soledad This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2019 Age : 30 Localisation : Banlieue parisienne Date d'inscription : 28/02/2012
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 23 Juil - 1:16 | |
| Le temps perdu.
Devant la porte de l’usine le travailleur soudain s’arrête le beau temps l’a tiré par la veste et comme il se retourne et regarde le soleil tout rouge tout rond souriant dans son ciel de plomb il cligne de l’oeil familièrement. Dis donc camarade soleil tu ne trouves pas que c’est plutôt con de donner une journée pareille à un patron?
J. Prévert | |
| | | Soledad This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2019 Age : 30 Localisation : Banlieue parisienne Date d'inscription : 28/02/2012
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Lun 4 Mar - 11:52 | |
| Je connais des gens de toutes sortes Ils n'égalent pas leurs destins Indécis comme feuilles mortes Leurs yeux sont des feux mal éteints Leurs coeurs bougent comme leurs portes
Apollinaire | |
| | | used_spoon This Land Is Your Land
Nombre de messages : 2166 Age : 33 Date d'inscription : 19/12/2011
| Sujet: Re: Poème du soir, espoir Dim 17 Nov - 23:29 | |
| Wallace Stevens, "The Man with the Blue Guitar" I
The man bent over his guitar, A shearsman of sorts. The day was green.
They said, "You have a blue guitar, You do not play things as they are."
The man replied, "Things as they are Are changed upon the blue guitar."
And they said then, "But play, you must, A tune beyond us, yet ourselves,
A tune upon the blue guitar Of things exactly as they are."
II
I cannot bring a world quite round, Although I patch it as I can.
I sing a hero's head, large eye And bearded bronze, but not a man,
Although I patch him as I can And reach through him almost to man.
If to serenade almost to man Is to miss, by that, things as they are,
Say it is the serenade Of a man that plays a blue guitar.
III
Ah, but to play man number one, To drive the dagger in his heart,
To lay his brain upon the board And pick the acrid colors out,
To nail his thought across the door, Its wings spread wide to rain and snow,
To strike his living hi and ho, To tick it, tock it, turn it true,
To bang from it a savage blue, Jangling the metal of the strings�
IV
So that's life, then: things as they are? It picks its way on the blue guitar.
A million people on one string? And all their manner in the thing,
And all their manner, right and wrong, And all their manner, weak and strong?
The feelings crazily, craftily call, Like a buzzing of flies in autumn air,
And that's life, then: things as they are, This buzzing of the blue guitar.
V
Do not speak to us of the greatness of poetry, Of the torches wisping in the underground,
Of the structure of vaults upon a point of light. There are no shadows in our sun,
Day is desire and night is sleep. There are no shadows anywhere.
The earth, for us, is flat and bare. There are no shadows. Poetry
Exceeding music must take the place Of empty heaven and its hymns,
Ourselves in poetry must take their place, Even in the chattering of your guitar.
VI
A tune beyond us as we are, Yet nothing changed by the blue guitar;
Ourselves in the tune as if in space, Yet nothing changed, except the place
Of things as they are and only the place As you play them, on the blue guitar,
Placed, so, beyond the compass of change, Perceived in a final atmosphere;
For a moment final, in the way The thinking of art seems final when
The thinking of god is smoky dew. The tune is space. The blue guitar
Becomes the place of things as they are, A composing of senses of the guitar.
VII
It is the sun that shares our works. The moon shares nothing. It is a sea.
When shall I come to say of the sun, It is a sea; it shares nothing;
The sun no longer shares our works And the earth is alive with creeping men,
Mechanical beetles never quite warm? And shall I then stand in the sun, as now
I stand in the moon, and call it good, The immaculate, the merciful good,
Detached from us, from things as they are? Not to be part of the sun? To stand
Remote and call it merciful? The strings are cold on the blue guitar.
VIII
The vivid, florid, turgid sky, The drenching thunder rolling by,
The morning deluged still by night, The clouds tumultuously bright
And the feeling heavy in cold chords Struggling toward impassioned choirs,
Crying among the clouds, enraged By gold antagonists in air--
I know my lazy, leaden twang Is like the reason in a storm;
And yet it brings the storm to bear. I twang it out and leave it there.
IX
And the color, the overcast blue Of the air, in which the blue guitar
Is a form, described but difficult, And I am merely a shadow hunched
Above the arrowy, still strings, The maker of a thing yet to be made;
The color like a thought that grows Out of a mood, the tragic robe
Of the actor, half his gesture, half His speech, the dress of his meaning, silk
Sodden with his melancholy words, The weather of his stage, himself.
X
Raise reddest columns. Toll a bell And clap the hollows full of tin.
Throw papers in the streets, the wills Of the dead, majestic in their seals.
And the beautiful trombones-behold The approach of him whom none believes,
Whom all believe that all believe, A pagan in a varnished care.
Roll a drum upon the blue guitar. Lean from the steeple. Cry aloud,
"Here am I, my adversary, that Confront you, hoo-ing the slick trombones,
Yet with a petty misery At heart, a petty misery,
Ever the prelude to your end, The touch that topples men and rock." | |
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