The Stranglers

Décès de Dave Greenfield.

Par où commencer ?

Par là, sans aucun doute :



Les Stranglers, mon groupe fétiche des années Punk/New Wave.

En avance sur tous. Beaucoup plus acides, plus musiciens, plus urgents que les autres.
En 79, ils ligotent Philippe Manoeuvre au premier étage de la Tour Eiffel.

Résultat : aucune couv' dans Rock & Folk pour les 4 décennies suivantes.

Développent un son unique grâce à Greenfield, souvent comparé à Manzarek (à tort et à travers, il n'y a qu'à écouter The Raven pour s'apercevoir qu'on est bien au delà).

Il y a eu aussi Hugh Cornwell, et JJ Burnel, le tandem front de scène jusqu'en 90.
Et Jet Black, batteur fondateur, 81 ans, qui aura donc survécu à Greenfield (qui l'aurait cru ?).

Depuis Mardi, je ressasse une discographie hors normes (1977-1990), qui a jalonné ma vie jusqu'à présent.

Rattus, Black & White, The Raven (mon préféré), La Folie

Ces quatre là m'accompagnent depuis un petit moment (et quelques autres aussi hein).

Un peu plus tard, j'alimenterai ce fil de quelques récits de concerts.
Trop jeune pour connaître l'âge d'or, j'ai tout de même pu les voir une paire de fois avec Baz Warne (mon tout premier concert, 2012, une claque à vie).

Voilà, en 2020, on doit désormais se réveiller dans un monde où même eux n'existent plus.

Tristesse.

Je vais avouer quelque chose, je ne connais pas vraiment bien ! J’ai trouvé deux albums seulement au fil des vide-greniers, pas d’autres. Et pas souvent posés sur la platine.

Je vais remédier à ça !

Hé Hé Sardequin : ceux qui ont la chance d'avoir les albums les gardent pour eux

C'était d'abord un groupe de musiciens fantastiques : on peut difficilement trouver batteur plus rigoureux que Jet Black (et dur aussi) ; JJ Brunel a inventé un genre de basse (ce son + un début de virtuosité), Greenfield est celui qui fait la marque de fabrique du son, comme Manzarek celui des Doors (d'où l'analogie probablement, plus que le style), ses arpèges parfois fantastiques, ses sons parfois venus d'ailleurs. Greenfield a l'air le plus limité techniquement de prime abord, mais ses parties de guitares sont toujours justes : juste ce qu'il faut, jamais trop.

C'est aussi un groupe qui ne rechigne pas à la belle mélodie. A côté de leurs expérimentations sonores plus extrémistes.

C'est surtout un groupe qui a toujours cherché à se renouveler. Sur leur credo "il n'y a aucune raison qu'un fan d'un groupe le reste en permanence" ils ont décidé d'évoluer comme bon leur semblait. ils n'ont pas hésité à remettre en cause leur début de crédibilité punk (difficilement gagnée à leurs débuts vu leur âge, pedigree et coupes de cheveux, mais grâce à leur intransigeance) avec The Raven et La Folie. Avant de basculer du côté obscur de la pop synthétique avec Feline (en suite logique de Golden Brown). J'aime encore Aural Sculpture, mais avec Dreamtime et Always The Sun, c'est trop, c'en est fini pour moi. J'ai lâché l'affaire.

Je dois à un ami et son best of sur cassette d'être tombé dedans tout petit, et donc de posséder ces merveilles :

Rattus Norvegicus


No More Heroes


Black & White


The Raven


The Men In Black


Feline


Off The Beaten Track, compilation de faces B ou autos raretés


All Live And All Of The Night


Et puis en CD seulement, La Folie, Aural Sculpture et Dreamtime.
(Ensuite, je ne sais même pas s'ils ont sorti d'autres albums d'originaux).

Je crois bien que mon préféré est Black & White. Mais je n'en céderais aucun (à part le live un peu essoufflé). Ils sont tous in-dis-pen-sables !

Je pourrais co-signer chaque virgule du message de Jeffrey, c'est exactement mon ressenti par rapport à une discographie hors normes et brillante à bien des égards.

Je décroche totalement sur Dreamtime moi aussi. Mais on peut considérer que la face B d'Aural Sculpture, ce n'était déjà plus trop ça ("North Winds" mis à part).

Il y a ensuite eu l'abominable 10 avec un deuxième guitariste et une prod hollywoodienne cauchemardesque. L'inspiration n'était plus là, et l'envie non plus. Comment le leur reprocher après pareil enchaînement de pépites entre 77 et 85 ?

Avec Feline le son se gâte en effet, ils ciblaient large, et c'est le moment où leur audience a explosé en Europe, mais il faut dire que les morceaux sont encore tous somptueux sur ce disque malgré le cachet très synthétique. Mon rêve aurait été d'entendre une version retravaillée de ce LP avec une prod moderne et épurée, c'est ce que Hugh Cornwell a en partie accompli en solo il y a deux ans :



A Toulouse, d'où je viens, les LP's des Stranglers ont curieusement toujours été assez faciles à trouver en disquaires ou conventions/vides greniers, et souvent pour pas très cher. Ainsi j'ai dégoté mon pressage d'époque de Black & White pour moins de 10 €. La trouvaille remonte à quelques années, peut être que c'est plus compliqué depuis. Il n'y a jamais eu trop d'effervescence vinyle là où j'habite. Feline est très facile à trouver également, comme La Folie. Pour Rattus et le Corbeau ce fut un peu plus délicat, j'ai trouvé une réédition du premier, mais je suis toujours en quête du second !!  

Jamais vu No More Heroes par contre, respect !

Je possède, en LP également, un autre live du groupe, intitulé X-Cert, absolument incontournable pour accompagner les années 77/78. Tu le connais sûrement.
Sur la version de Curfew enregistrée au Battersea Park en 1978, JJ Burnel débute le titre en balançant le riff d'Enough Time, puis le groupe en joue quelques mesures avant d'enchaîner sur Curfew : moment d'anthologie ! Lors de ce même concert, le groupe avait embauché des strip teaseuses sur scène.

Aussi, en relisant le post de Jeffrey, j'en suis parvenu à la même conclusion : Black & White est leur album définitif.
Il n'y a pas un seul titre à échanger. L'articulation est parfaite. La face blanche, la face noire.

Tous résonnent d'une même cohérence, en particulier en 2020...
Ce groupe s'intéresse depuis le départ au dérapage darwinien des sociétés modernes, au basculement soudain dans la prédation froide et silencieuse.
La où les Pistols attaquaient frontalement, les Stranglers attendaient la nuit (In the Shadows)

Chaque ligne de 'Curfew' pourrait s'appliquer à l'époque que nous traversons, et c'est ce titre que j'ai beaucoup écouté depuis Mardi. Alors, 'Curfew' ...