LIVRE - L'Année Prochaine à New York

https://www.amazon.fr/LAnnee-Prochaine-New-York-Dylan/dp/2363081412

"Antoine Billot, au travers de sa passion pour Bob Dylan, écrit, dans un style éblouissant, l'Histoire de l'Amérique, une Amérique aussi hétérogène et riche que ceux qui la peuplent, et notamment celle des réprouvés, des oubliés, des abandonnés.
À travers l'histoire des familles Greenstein, Solemovitz et Zimmerman (dont l'un des descendants sera le futur Prix Nobel de littérature, Bob Dylan), des pogroms ukrainiens qui les ont convaincues d'émigrer à leur installation en 1905 dans le Mesabi Range, de la découverte des grands lacs du nord à celle du poussiéreux Oklahoma durant le Dust Bowl, des récits de pionniers ou de hoboes à ceux des Sammys de Minneapolis, on considère le vaste panorama littéraire, cinématographique et musical de cette Amérique plurielle où, dans le déracinement comme dans l'oppression, le chômage ou l'errance, fusionnaient autrefois toutes les voix du monde."

L'avez-vous lu ?
J'avoue en avoir marre d'un focus sur les sixties et NY, même si la période 1905 est une approche originale.

Je ne connaissais pas cet auteur. Pourquoi pas, cette Amérique dépeinte semble palpitante à lire

"l'année prochaine à New-York" rappelle la phrase "l'année prochaine à Jerusalem" que se lançaient, en guise d'au-revoir, les juifs de la diaspora avant que ne soit fondé l'Etat d'Israël. C'était une phrase d'espoir.
Fuyant les pogroms de 1905 à Odessa, des juifs migrants débarquèrent à New-York. L'un d'eux, en compagnie de hobos de rencontre, voyagea, clandestin sur un train de marchandise. Il s'arrêta dans la petite ville de Hibbing, près du lac Supérieur et y installa, plus tard, sa petite famille.

"l'année prochaine à New-York" est un beau titre.
Dommage qu'aient été ajouté un sous-titre, "Dylan avant Dylan", et une photo de couverture puisée dans la séance de "Freewheelin'. Ces ajouts, à buts publicitaires et, je suppose, imposés par l'éditeur, trahissent le sujet de l'écrivain. Sans ces regrettables ajouts qui dénaturent l'histoire et mâchent l'attention du lecteur et le prive d'un effet de surprise, ce roman eût été encore un roman plus fort. Il reste un formidable roman.

La langue est belle, avec ses phrases proustiennes dans leurs volutes, avec une syntaxe parfaite, un vocabulaire riche, et un rythme beat dans ses ruptures. Les reconstitutions historiques n'ont pas la lourdeur du genre, on y croit. Et l'on suit les déroulements de ces générations qui aboutiront au couple formé par Beate et Abraham. On connait leur descendance, avec ce Robert Allen talentueux que le lecteur surprend, assis à son pupitre d'écolier, et sa petite voisine de classe, Echo.

La fin, que je ne dévoilerai pas, est astucieuse.
Ce livre, "l'année prochaine à New-York" n'est pas une enième biographie de qui vous savez. Il inscrit dans le registre romanesque, la destinée de familles anonymes et dans la littérature, l'irruption d'un musicien atypique et génial, devenu personnage de roman (avec le recul, c'est même assez cocasse pour un prix Nobel de... littérature).

Et je vous recommande de lire ce roman, puissant comme le soleil d'été sur la plaine d'acier du Mesabi, et cinglant comme les cornes de brume, l'hiver, sur le lac Superieur. Q.J.

P.s. : l'auteur est peut-être membre de ce site. Si tel est le cas, j'aimerais échanger avec lui, en messagerie privée.