Shelter From The Storm
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 M…s, l'opus

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Braque
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Braque


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MessageSujet: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeJeu 2 Juin - 18:50

J'ai lu ça dans un hebdo britannique. Je ne mets pas les références pour ne pas éveiller l'attention des moteurs de recherche, mais je les donnerai par mp aux Sheltered from the Storm qui voudront savoir. Il y a plusieurs passages entre crochets. les uns sont dans l'article originel, d'autres sont de mes gloses (sur la bible et sur le sens de l'adjectif « occulte »).

Il est possible que chaque artiste doive connaître un creux au milieu de sa carrière. La désorientation et la désaffection sont rachetées par ce qu’elles ajoutent au récit de la carrière. Dans Bob Dylan, recueil de quarante années d’articles sur Dylan, le gros du drame est fourni par la traversée du désert effectuée par l’auteur-compositeur du milieu des années 1970 aux années 1990.
« Il a pourtant bien eu un talent verbal ? » demande l’article consacré à Empire Burlesque en 1985. Pourtant, il valait la peine de s’intéresser aux erreurs du Dylan de cette époque, et de s’en inquiéter. « L’histoire que j’ai suivie [les années 1970 et 1980], c’était l’histoire de Bob Dylan au moment où il essayait de transcender, d’éviter, de fuir, de nier ce qu’il avait fait dans les années 1960, et de faire aussi bien », écrit M…s dans son introduction. Si, dès 1986, « le peu de style qui restait à Dylan ne lui aurait pas permis de faire une pub convaincante pour Budweiser », son histoire n’en est que meilleure, « presque biblique », « plus de vingt années […] à errer dans le désert de sa propre gloire ».
Quand Dylan sèche dans le désert, M…s coule à pleins bords. Sa critique d’Empire Burlesque brosse ce portrait d’un Dylan fatigué du monde : « Sa voix, qui se présente comme porteuse de la sagesse des nations, est celle d’un estravagant […] qui veut vous faire croire qu’il connaît le monde, mais qui, en réalité, veut juste déplorer qu’il n’a pas aimé ce qu’il en a vu. » Même si on apprécie la morosité de ces années, le jugement n’en contient pas moins une vérité. Au sujet de la conversion au fondamentalisme chrétien, il est difficile d’être plus perspicace : « Il n’y a [chez Dylan] aucun sentiment du péché, aucune humilité, et ce qu’il célèbre est moins Dieu que son propre choix. » Dans Street Legal, Dylan semble discourir de sujets grandioses, mais, « en réalité, il versifie, c’est tout ».
Quand la muse de Dylan réémerge dans les années 1990, le livre perd de sa pertinence. On fait donner les violons pour chanter comment, en 1993, Dylan peut revendiquer « un sens absolu et infini pour les chansons qu’il chante à présent ». En cherchant les racines des dernières œuvres dans le folk « occulte » [je suppose qu’il faut comprendre « souterrain »] et dans le blues de l’Amérique d’avant la Seconde Guerre mondiale — un corpus musical qui, par « [ses] riffs et [ses] plaintes, [ses] hésitations et [ses] cris, […] peut amener à sa propre redécouverte et à son propre renouvellement quiconque se les rappelle, comme si on pouvait non seulement “parler en langues”, mais “entendre en langues” » [expression traduite littéralement de la bible anglaise [[in tongues]]et qui fait allusion à la descente du saint esprit sur les apôtres, ce qui leur permet de se faire comprendre de tous] —, il s’égare dans l’émerveillement. Peut-être, si Dylan, perd à nouveau sa voie, M…s retrouvera-t-il sa voix.

Un salut fraternel à celles et à ceux qui pensent que Greil M…s peut être emmerdant comme la pluie, ou plutôt, vu la météo, comme la mort.
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John Wesley Harding
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John Wesley Harding


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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeJeu 2 Juin - 19:09

« Sa voix veut vous faire croire qu’il connaît le monde, mais, en réalité, veut juste déplorer qu’il n’a pas aimé ce qu’il en a vu. »


Excellent...
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odradek
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odradek


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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeSam 4 Juin - 21:22

Braque a écrit:
J'ai lu ça dans un hebdo britannique. Je ne mets pas les références pour ne pas éveiller l'attention des moteurs de recherche, mais je les donnerai par mp aux Sheltered from the Storm qui voudront savoir. Il y a plusieurs passages entre crochets. les uns sont dans l'article originel, d'autres sont de mes gloses (sur la bible et sur le sens de l'adjectif « occulte »).

Il est possible que chaque artiste doive connaître un creux au milieu de sa carrière. La désorientation et la désaffection sont rachetées par ce qu’elles ajoutent au récit de la carrière. Dans Bob Dylan, recueil de quarante années d’articles sur Dylan, le gros du drame est fourni par la traversée du désert effectuée par l’auteur-compositeur du milieu des années 1970 aux années 1990.
« Il a pourtant bien eu un talent verbal ? » demande l’article consacré à Empire Burlesque en 1985. Pourtant, il valait la peine de s’intéresser aux erreurs du Dylan de cette époque, et de s’en inquiéter. « L’histoire que j’ai suivie [les années 1970 et 1980], c’était l’histoire de Bob Dylan au moment où il essayait de transcender, d’éviter, de fuir, de nier ce qu’il avait fait dans les années 1960, et de faire aussi bien », écrit M…s dans son introduction. Si, dès 1986, « le peu de style qui restait à Dylan ne lui aurait pas permis de faire une pub convaincante pour Budweiser », son histoire n’en est que meilleure, « presque biblique », « plus de vingt années […] à errer dans le désert de sa propre gloire ».
Quand Dylan sèche dans le désert, M…s coule à pleins bords. Sa critique d’Empire Burlesque brosse ce portrait d’un Dylan fatigué du monde : « Sa voix, qui se présente comme porteuse de la sagesse des nations, est celle d’un estravagant […] qui veut vous faire croire qu’il connaît le monde, mais qui, en réalité, veut juste déplorer qu’il n’a pas aimé ce qu’il en a vu. » Même si on apprécie la morosité de ces années, le jugement n’en contient pas moins une vérité. Au sujet de la conversion au fondamentalisme chrétien, il est difficile d’être plus perspicace : « Il n’y a [chez Dylan] aucun sentiment du péché, aucune humilité, et ce qu’il célèbre est moins Dieu que son propre choix. » Dans Street Legal, Dylan semble discourir de sujets grandioses, mais, « en réalité, il versifie, c’est tout ».
Quand la muse de Dylan réémerge dans les années 1990, le livre perd de sa pertinence. On fait donner les violons pour chanter comment, en 1993, Dylan peut revendiquer « un sens absolu et infini pour les chansons qu’il chante à présent ». En cherchant les racines des dernières œuvres dans le folk « occulte » [je suppose qu’il faut comprendre « souterrain »] et dans le blues de l’Amérique d’avant la Seconde Guerre mondiale — un corpus musical qui, par « [ses] riffs et [ses] plaintes, [ses] hésitations et [ses] cris, […] peut amener à sa propre redécouverte et à son propre renouvellement quiconque se les rappelle, comme si on pouvait non seulement “parler en langues”, mais “entendre en langues” » [expression traduite littéralement de la bible anglaise [[in tongues]]et qui fait allusion à la descente du saint esprit sur les apôtres, ce qui leur permet de se faire comprendre de tous] —, il s’égare dans l’émerveillement. Peut-être, si Dylan, perd à nouveau sa voie, M…s retrouvera-t-il sa voix.

Un salut fraternel à celles et à ceux qui pensent que Greil M…s peut être emmerdant comme la pluie, ou plutôt, vu la météo, comme la mort.

Excellent, Braque ! Very Happy

La question - si question il y a - reste béante. En fait il doit en avoir plusieurs, juste qu'on ne sait pas trop lesquelles.

Tout à l'heure, en montant les escaliers (j'habite en rez de chaussée), je me suis dit : je n'aimerais pas être à la place de son cerveau compliqué (comme tous les cerveaux, du reste).

En même temps, j'ai repensé aux mots de Ginsberg disant : Dylan est une colonne d'air.

Une colonne d'air, c'est beaucoup et avec de la chance ça porte loin. Encore plus loin, si cette colonne d'air qui porte la langue s'origine de vieux plateaux caucasiens, ou de je ne sais quel désert inhospitalier, propice à un vocalisme particulier - pour tout dire, à une vocation incantatoire.

En pleine Amérique, Dylan porte en lui un désert caillouteux, venteux et tutélaire, par sa voix même et son souffle.

Il suffit d'écouter Billy 4 pour s'en persuader.

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Baptiste
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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeMar 7 Juin - 22:15

Il met l'eau à la bouche ce bout de papier, mais j'ai l'impression de toucher une feuille et de ne pas voir l'arbre.
Ca sent le MP.

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Braque
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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeMar 7 Juin - 23:27

Baptiste a écrit:
Il met l'eau à la bouche ce bout de papier, mais j'ai l'impression de toucher une feuille et de ne pas voir l'arbre.
Ca sent le MP.
Ça y est, je vois la lumière. Ce n'est pas un bout d'article, mais un article court entier. Une feuille sans arbre. De l'herbe, par exemple.
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Baptiste
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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitimeMer 8 Juin - 10:03

Braque a écrit:
Baptiste a écrit:
Il met l'eau à la bouche ce bout de papier, mais j'ai l'impression de toucher une feuille et de ne pas voir l'arbre.
Ca sent le MP.
Ça y est, je vois la lumière. Ce n'est pas un bout d'article, mais un article court entier. Une feuille sans arbre. De l'herbe, par exemple.
Alors on va dire que c'est un fragment intéressant.
Ca donne envie de lire le livre.

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MessageSujet: Re: M…s, l'opus   M…s, l'opus Icon_minitime

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